Législatives 2025: Blaise Louembe contraint au 2nd tour en dépit de sa promesse de verser tout son salaire de député aux électeurs 

Blaise Louembe au second tour contre Jean Halarion Landa de l’UDB, un one-one qui promet des des étincelles © DR

Libreville, le 29 septembre 2025 – (Dépêches 241). C’est un scénario que peu auraient anticipé, et que certains à Koulamoutou n’osent encore croire. Blaise Louembe, figure bien connue du paysage politique gabonais, ancien Ministre, vétéran des joutes électorales, est contraint à un second tour lors des législatives 2025. Et ce, malgré une promesse de campagne aussi spectaculaire que symbolique : celle de verser l’intégralité de son salaire de député aux électeurs.

Une générosité inattendue, presque philanthropique, qui n’a manifestement pas suffi à faire oublier le poids du passé, ni à conjurer l’usure politique. Car les électeurs de Koulamoutou, eux, ont préféré faire entendre leur voix plutôt que de tendre la main. Et derrière cette claque électorale se cache un acteur que beaucoup auraient préféré reléguer au rang de figurant : l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB).

Longtemps accusée de manœuvres frauduleuses dans d’autres circonscriptions, l’UDB a t-elle aussi usé des procurations douteuses à Koulamoutou ? La question trouve tout son sens car pour bousculer un mastodonte politique comme Blaise Louembe, il faut se réveiller très tôt. Que l’on aime ou non ses méthodes, force est de constater que l’ancien Trésorier Payeur Général a su s’imposer comme un cadre incontesté de son fief politique. L’UDB vient donc de réaliser une sérieuse prouesse en sa qualité de challenger dans une circonscription jusque-là solidement verrouillée.

Blaise Louembe, lui, avait misé sur une campagne de proximité, avec des promesses-chocs, des gestes théâtraux, et une rhétorique bien rodée. Mais visiblement, le peuple n’est plus si facilement impressionnable. Après des années à voir des salaires publics se perdre dans les couloirs insonorisés des ministères, l’offre d’un salaire de député redistribué aux électeurs a peut-être sonné plus comme une tentative de rattrapage que comme un véritable acte de foi démocratique ou un véritable projet politique. 

Il faut dire que l’époque a changé. Les électeurs sont désormais moins sensibles aux largesses individuelles qu’à la cohérence politique. Le vote de fidélité a laissé place à un vote d’exigence. Et si l’UDB a réussi à s’imposer dans ce contexte, c’est peut-être parce qu’elle a su capter une colère diffuse, ou tout simplement parce qu’elle n’était pas encore usée jusqu’à la corde par des décennies d’exercice du pouvoir.

En attendant le second tour, l’affront est là, et l’humiliation, bien que feutrée, est réelle. Car pour un vétéran tel que Louembe, être contraint à prolonger la bataille face à une formation politique encore fraîchement installée, relève presque de l’affront personnel. Mais la démocratie n’a jamais été un dîner de gala, encore moins une salle des coffres. Et le bulletin de vote, à Koulamoutou comme ailleurs, reste le seul salaire que le peuple consent à verser – ou à retenir. Attention toutefois à la bête blessée, qui peut être sans pitié dans ce second tour et dévorer à pleines dents son concurrent. 

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