
Libreville le 9 juin 2022 – ( Dépêches 241). Les Panthères du Gabon ont été contraintes de partager les points avec la Mauritanie hier à Franceville au terme d’un match terne et insipide dans lequel le Gabon n’a jamais pris le dessus sur son adversaire. La faute à composition inédite et curieuse, à des choix des hommes discutables et une apathie tactique de Patrice Neveu qui n’est finalement jamais entré dans son match.
Patrice neveu a-t-il raté son match contre la Mauritanie ? C’est la question qui revient avec instance dans l’opinion et chez les férus du ballon rond, fans des Panthères en sus , au terme de la rencontre de ce 8 juin comptant pour la deuxième journée des éliminatoires CAN Côte d’Ivoire 2023. Le Gabon qui devait en principe capitaliser à domicile après la victoire en RDC, a été tenu en échec sur son sol alors que les matchs à domicile dans une conquête africaine, sont primordiaux pour engranger des points.
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Avec tout son groupe au complet et à disposition, les Gabonais s’attendaient à tout le moins que Neveu reconduise son 3-5-2 qui avait fait sensation au Cameroun en ce qu’il avait permis à son équipe de développer un football plaisant et chatoyant. Mais le technicien français a finalement fait le choix de revenir aux fondamentaux en exhumant le 4-3-3 avec lequel il a fait la dernière campagne éliminatoire. Choix curieux certes mais ce système nous a déjà qualifié à une phase finale de Can. C’était celle du Cameroun. Ce n’est donc pas le choix le plus contestable de Neveu.
LE CURIEUX RETOUR AU 4-3-3 ET UN MANQUE D’INSPIRATION DANS LE CHOIX DES HOMMES
Contestable par contre est le choix des hommes avec sur toutes les lignes des associations expérimentales pour un match pourtant d’une importance capitale. D’abord la titularisation de Yoann Wachter, une première depuis l’arrivée de Neveu à la tête du Gabon. Dans l’axe – là aussi une charnière expérimentale – le technicien français associe Palun et Appindangoye. Si Obiang reste le seul choix cohérent de cette défense, on se demande pourquoi en l’absence d’Oyono blessé, Neveu n’a pas décalé Palun à droite, du reste son poste de prédilection pour profiter de son expérience, de son calme et de son intelligence en lieu et place d’un Wachter visiblement dépassé, brouillon et peu rassurant.
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Une telle configuration aurait pu donner à Neveu la possibilité de faire commencer Assoumou Akue, lequel a donné satisfaction au Cameroun en plus de la possibilité de composer une charnière possédant un gaucher et un droitier. C’est la première erreur de casting de Patrice Neveu dans ce match en ce qu’elle eut pour conséquence de dénaturer le jeu des Panthères. En échange des sorties au sol depuis le gardien et d’un jeu construit, on a eu droit à des dégagements intempestifs de Watcher souvent paniqué et manquant visiblement de calme et de froideur pour trouver les milieux de terrain dans les pieds.
En milieu de terrain justement, avec le maintien de Medwin Biteghe qui est certes a gratifié d’une prestation correcte en RDC, Neveu a là également fait le choix incompris, de ne pas poursuivre l’association pleine de promesses Poko – Axel Moucketou et Kanga Guelor qui avait fait du bien au Cameroun et permis par conséquent au Gabon, de développer un football attrayant. Dans un contexte opposé à celui du match contre les Léopards, un contexte où les Panthères devaient faire le jeu, on s’est vite rendu compte des limites d’une telle association. Biteghe n’étant pas un créateur ou un relayeur de talent mais plus un homme de devoir, le milieu Gabonais a manqué de liant et donc de possibilité de mettre sur orbite les attaquants Gabonais.
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UNE APATHIE TACTIQUE INEXPLICABLE
L’attaque, voilà un aspect de la composition dans lequel Neveu échoue en faisant là aussi confiance à une attaque expérimentale. Axel Meye n’a jamais évolué avec Boupenza et Denis Bouanga. Pire, les qualités de Meye sont connues de tous. On le sait dépourvu de vitesse, son intelligence dans le jeu est quasi nulle et ses carences techniques sont criardes. Contre la Mauritanie, dans un match où il fallait attaquer de part et d’autre, les qualités de pivot, jeu dos au but et déménageur n’étaient d’aucune utilité. L’attaque gabonais a manqué de vitesse, de profondeur et de percussion en raison de la présence d’un Meye antinomique et inconciliable au jeu de ses deux compères d’attaque. Là encore, Patrice Neveu s’est totalement fourvoyé.
De même que tactiquement, Patrice Neveu n’a jamais su déjouer le schéma de son homologue de la Mauritanie. Pourtant, la veille de match en conférence de presse, un confrère en l’occurrence Dave Moubele de Gabon Télévision, avait indiqué au technicien français que la Mauritanie allait densifier son milieu de terrain et isoler Kanga Guelor, la rampe de lancement et le dépositaire du jeu des Panthères. Dès les premières minutes, la zone de Kanga était toujours occupée par 2 ou 3 joueurs, le meneur de jeu de l’Etoile Rouge de Belgrade isolés, les défenseurs et ses acolytes en milieu étaient souvent contraints de jouer long.
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Une approche qui n’a pourtant pas fait réagir Patrice Neveu, ni par une adaptation tactique très tardive, ni par des changements au final qui n’ont rien apporté. L’entrée de Ngakoutou est une catastrophe, celle de Autchanga n’a eu aucun impact. Une prestation et un nul aux goût de défaite, qui donnent toutefois 4 points aux Panthères alors qu’on espérait en prendre 6. Si diverses raisons peuvent être évoquées – fatigue physique ou usure mentale – pour expliquer cette contre-performance, cette dernière ne peut être isolée de la prestation de Patrice Neveu dans ce match, qui dès le choix de la composition a fait émerger certains questionnements qui ont très tôt mutés en incompréhensions.