
Libreville le 5 octobre 2022 – (Dépêches 2022). La France via sa posture sur le refus de livrer des blindés destinés à la garde République du Gabon, vient de jeter un trouble glaçant dans l’esprit de Gabonais. A quelques mois de la prochaine élection présidentielle, cette position de Paris vis à vis de Libreville en plus de consacrer les tensions entre les deux pays, fait planer le spectre d’une crise post-électorale prochaine aux relents répressifs qui viendraient exhumer les souvenirs funestes et douloureux de 2016.
Dans son édition du 3 octobre 2020, le très réputé média Africa Intelligence, qui a ses entrées dans les salons feutrés de la présidence de la République a révélé que la France via le Quai d’Orsay avait mis son véto concernant un contrat portant fourniture de quatre véhicules blindés AML 90 à la Garde républicaine (GR) gabonaise, chargée de la protection du président de la République.
Pour justifier cette décision Paris a fait savoir son inquiétude par rapport à l’usage de cet équipement armé. Africa Intelligence est même plus précise en ce qu’elle évoque avec précisions les mobiles qui ont conduit la France a prendre cette posture. « Craignant des répressions lors de l’élection présidentielle de 2023, les autorités françaises ont suspendu l’exportation de véhicules blindés à Libreville », a-t-on pu lire. Une présomption partagée par la commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG) qui craint que ledit matériel « soit utilisé à des fins répressives , en cas d’éventuels débordements qui pourraient subvenir en marge de l’élection présidentielle de 2023 », poursuit le média.
Des informations du média panafricain accueillies avec effroi par les populations gabonaises dont la conscience est toujours parasitée par les évènements de 2016 et la répression meurtrière qui ont accompagné la proclamation des résultats de l’élection présidentielle de la même année. Une population horrifiée et assaillie par des questions de tous genres. À moins d’une année de l’élection présidentielle de 2023, le régime en place semble déjà prévoir que sa potentielle réélection sera émaillée de nouvelles violences comme ça l’a souvent été ? Le Gabon prépare t-il une guerre ? Si oui contre qui et pour quelle raison ? 2023 sera t-il comme 2016 ?
Bien que conscient que celle-ci resteront sans réponse, et au-delà de la question électorale, il convient de nous interroger avec gravité sur la teneur de cette mesure de France. S’agit-il d’un simple coup de pression comme la mère patrie en a eu l’habitude ces dernières années ou les raisons soulevées par cette dernière sont réelles et sincères. Une question qui prend tout son sens quand on sait que la France a laissé la porte entrouverte sur la possibilité de lever ce véto à la lumière d’une visite de la ministre de la défense gabonaise, Félicité Ongouori Ngoubili, à Paris, mi-octobre. Visite pendant laquelle « le sujet pourrait néanmoins être rediscuté », nuance le média.