Libreville, le 27 octobre 2022 (Dépêches 241). Le rapport d’audit du cabinet Deloitte concernant la gestion des Fonds Covid-19 rendu public le 21 juin dernier, a révélé de graves irrégularités, laissant planer de forts soupçons de détournements de fonds estimés à plusieurs milliards de FCFA. Et pourtant, les principaux responsables du Copil ne font l’objet d’aucune procédure judiciaire. Tout le contraire des Bla-Boys qui eux, ont subi les foudres de la justice pour des faits pourtant similaires.
La justice Gabonaise est-elle une justice à deux vitesses ? Est-elle aux ordres ? Rend-t-elle toujours le droit pour le peuple et au nom du peuple ? Ce sont les questions en tous points légitimes que se posent de nombreux Gabonais, depuis la publication il y a quelques mois par le gouvernement, du rapport d’audit du cabinet Deloitte, concernant la gestion des Fonds Covid-19 au Gabon.
Un rapport qui avait révélé de graves irrégularités. On se souvient par exemple que, sur les 177 milliards octroyés par le FMI, seuls 32 milliards avaient été versés sur le compte de la CDC pourtant créé pour héberger toutes les contributions. De même, de nombreux contrats avaient été passés de gré à gré tout comme, en raison de la potentielle dissimulation de certaines pièces comptables, seulement 75 milliards ont pu être audités sur 500 milliards de ressources identifiées. Soit un déficit de près de 325 milliards, qui se seraient volatilisés sans susciter la curiosité des autorités.
Des graves irrégularités qui avaient du reste contraint le Cabinet Deloitte à émettre « une opinion avec réserves », concernant la gestion des fonds Covid-19. Une belle formule diplomatique, qui n’a fait que confirmer les soupçons de détournements de deniers publics. Et pourtant, alors que l’opinion attendait comme ce fut le cas pour les Bla-Boys, que Guy Patrick Obiang et Romain Tchoua, grands Manitous du Copil, apportent devant la justice des éclairages sur les manquements pointés par le cabinet Deloitte, les deux hommes près de 3 mois après la publication du rapport d’audit, n’ont fait l’objet d’aucune procédure judiciaire.
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Tout se passe comme si la politique de la tolérance zéro devant la corruption prônée par le Chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba, était une donnée à géométrie variable. Sinon, pourquoi les responsables du Copil échappent-ils à la justice Gabonaise, alors que pèsent sur eux des graves soupçons de détournements ? Comment expliquer la promptitude de la justice Gabonaise contre les Bla-boys et son laxisme face aux supposés détournements de deniers publics dans la gestion des fonds Covid-19 ?
Si la volonté des plus hautes autorités est de mettre un terme au phénomène de la corruption, au même titre que les Bla-boys, les responsables du Copil doivent être traduits devant la justice pour donner des explications concernant la gestion des fonds Covid-19. Le contraire consacrerait l’idée que certains compatriotes bravent l’autorité du Chef de l’Etat en se plaçant impunément au-dessus de la loi.