
Libreville, le 21 Mai 2025 – (Dépêches 241). Dans un contexte budgétaire de plus en plus tendu, le vice-président en charge du gouvernement, Alexandre Barro Chambrier a annoncé la préparation d’une loi de finances rectificative, évoquant une baisse du train de vie de l’État et une meilleure allocation des ressources. L’exercice se veut rassurant. Pourtant, derrière les discours de rationalisation budgétaire, l’exécutif peine encore à convaincre qu’il est prêt à rompre avec les dérives du passé. Car réduire les dépenses ne suffit pas : encore faut-il savoir où et comment.
Aucune mesure concrète n’a été annoncée sur les lignes budgétaires les plus opaques, comme les dépenses présidentielles ou les baux administratifs, dont les montants continuent d’exploser. À cela s’ajoutent les contrats passés de gré à gré avec des entreprises étrangères, dont les coûts cumulés dépassent 400 milliards de FCFA, souvent sans étude d’impact ni appel d’offres transparent. Le gouvernement parle d’efforts, mais multiplie encore les pratiques budgétaires peu orthodoxes.
Autre contradiction flagrante : alors que Chambrier évoque une réduction des dépenses, l’État multiplie les engagements coûteux comme le rachat de Tullow Oil, les versements massifs de rappels de solde sans audit préalable, ou encore les investissements dans des projets de prestige à faible impact. L’austérité annoncée ressemble donc davantage à une gymnastique de communication qu’à une véritable discipline budgétaire.
Quant au climat de confiance nécessaire pour relancer la machine économique, il reste fragile. La communauté financière internationale, tout comme les partenaires techniques, attend des signaux clairs de transparence et d’efficience. Mais les budgets rectificatifs précédents ont souvent servi à couvrir des écarts de gestion plus qu’à corriger des trajectoires économiques. Le pays continue d’émettre des emprunts à des taux élevés, faute de crédibilité budgétaire.
Si le gouvernement veut véritablement rassurer, il devra aller plus loin : rendre publics les audits, désigner les postes budgétaires à réduire, publier les contrats publics en ligne, et mettre fin aux privilèges coûteux des élites administratives. Sans cela, la loi de finances rectificative ne sera qu’un réajustement comptable de plus, incapable de redonner souffle à une économie en perte de cap.