
Libreville, le 21 Mai 2025 – (Dépêches 241). La récente libération conditionnelle supposée de Sylvia Bongo Valentin et de son fils Noureddin Bongo n’a visiblement pas fini de faire parler. C’est ce que révèle l’interview accordée à RFI par Alain Claude Bilie-By-Nze, dernier Premier ministre d’Ali Bongo Ondimba. Ce dernier soutient la thèse d’une libération sous caution, orchestrée pour éviter la tenue d’un procès qui aurait pu exposer au grand jour des secrets d’État potentiellement dévastateurs pour les autorités actuelles. Ainsi, loin d’être une faveur accordée à la famille Bongo, la non-tenue du procès tant réclamé par l’opinion publique gabonaise serait en réalité une stratégie habilement pensée par le pouvoir en place pour éviter une débâcle politique.
L’épais nuage d’opacité qui entoure la libération conditionnelle controversée de Sylvia Bongo et de son fils Noureddin ne semble guère de nature à renforcer la confiance des citoyens envers les Institutions de la République, ni envers les autorités en place. Au contraire, cela alimente un climat de suspicion, laissant penser que le pouvoir actuel, incarné par le Président de la République, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, aurait quelque chose à dissimuler. Selon les récentes déclarations de l’ancien Premier ministre sur RFI, c’est justement cette crainte qui aurait poussé les nouvelles autorités gabonaises à libérer précipitamment l’épouse d’Ali Bongo Ondimba et leur fils, avant même la fin de leur détention préventive.
L’ex porte-parole de la Présidence de la République affirme, à cet effet, que cette libération visait à éviter un procès aux conséquences potentiellement désastreuses pour le régime actuel. Un procès au cours duquel des révélations accablantes auraient pu plonger la gouvernance actuelle dans une crise profonde. Il a ainsi déclaré: « Si l’on observe bien ce dossier, je crois que les autorités gabonaises avaient tout intérêt à ce qu’il n’y ait pas de procès, contrairement à ce qui a été dit. Car s’il y avait eu procès, elles n’auraient pas pu tenir face aux révélations qui auraient pu être faites. D’une certaine manière, on leur a sauvé la mise en laissant partir Sylvia Bongo et Noureddin », a-t-il d’abord avancé.
Pour le natif d’Ekowong, cette libération aurait même pu intervenir bien plus tôt, au vu du caractère peu consistant du dossier. Il juge incompréhensible qu’une telle mesure intervienne maintenant, alors que les autorités affirmaient récemment encore que ce dossier relevait exclusivement de la justice, laquelle devait se prononcer à l’issue d’un procès équitable. Il ajoute que cela ne saurait être justifié par une quelconque pression extérieure ou par des interventions de certains Chefs d’États africains: « D’après ce que nous savons, plusieurs Chefs d’États africains sont intervenus, et cela dès le lendemain du coup d’État. Le pouvoir gabonais affirmait pourtant la nécessité de respecter la justice, de la laisser aller jusqu’au bout. Mais on ne sait pas ce qui s’est passé entre-temps. On parle quand même de haute trahison. S’il y avait réellement haute trahison, comment peut-on expliquer une telle libération ? Cela signifie qu’il n’y avait rien dans ce dossier », a-t-il renchéri
Quant à la possibilité que la procédure se poursuive et qu’un procès soit encore envisageable contre les membres de la famille de l’ex Président Gabonais, Alain Claude Bilie-By-Nze dit ne pas y croire une seule seconde. Selon lui, la justice est sous tutelle du Ministère de la Justice, lui-même dépendant du Chef de l’État. L’opposant numéro un actuel au régime en place précise enfin que : « Le Procureur relève du ministère de la Justice, qui relève du gouvernement, lequel est dirigé par le président de la République. Et je ne vois pas du tout en quoi est ce que ce qu’il a dit ce jour là va être opposable à ce qui a déjà été fait: à savoir la dissimulation, à savoir l’incapacité à assumer, à savoir que dans ce dossier là où c’est la justice, ou c’est la politique », a-t-il conclu.
Au regard de ce qui précède, cette affaire semble receler de nombreuses énigmes qui ne risquent pas d’être dévoilées entièrement, selon Alain-Claude Bilie-by-Nze. Espérons désormais que les nouvelles autorités du pays apporteront un démenti aux propos suffisamment graves du dernier Premier Ministre d’Ali Bongo Ondimba.