Libreville, le 24 novembre 2022 (Dépêches 241). On savait l’homme ambitieux. Depuis sa nomination le 12 octobre dernier à la fonction de Vice-premier ministre, Alain Claude Bilié-By-Nzé multiplie les descentes de terrain, tout en maniant, avec la dextérité dont il a le secret, l’art de la communication. Suffisant pour faire de l’ombre à sa Première ministre, Rose Christiane Ossouka Raponda mais davantage, pour alimenter les débats autour du réel détenteur du pouvoir, au sein de cette Primature aux allures d’hydre à deux têtes.
Les images sont fortes et pleines de symboles. Alain Claude Bilié-By-Nze, promu Vice-premier ministre 15 jours plus tôt, conduit, le 25 octobre, une forte délégation du gouvernement dans la province de la Ngounié, en prévision d’une visite du Chef de l’État. L’élu du Canton Ntang Louli écoute et donne des orientations. Quelques jours plus tard, le 8 novembre, il réunit à son cabinet plusieurs ministres afin de lever les derniers obstacles et finaliser le plan de relogement des familles impactées par les éboulements du PK8.
Alain Claude Bilié-By-Nze, l’ambitieux, l’homme pressé, est sur tous les fronts. C’est aussi lui qui reçoit, à la mi-novembre, les responsables des syndicats des retraités, lesquels depuis plusieurs semaines manifestent et organisent des sit-in devant toutes les administrations, pour réclamer l’arrimage des pensions au nouveau système de rémunération, ainsi que le paiement de leurs services rendus. Outrepassant sa fonction de ministre de l’Eau et de l’énergie, le membre du gouvernement promet de trouver des solutions. « Un compte rendu sera fait au président de la République, Ali Bongo Ondimba, sur la situation actuelle des retraités du secteur public et le corollaire sur la situation des pensions depuis l’avènement de l’arrimage à aujourd’hui », assure-t-il.
Une phrase pleine de sens car Alain Claude Bilié-By-Nze déclare s’en référer non pas à sa supérieure hiérarchique, mais directement à l’autorité suprême, le Chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba. Tout se passe comme si « Billy the kid », transgressait ou contestait l’autorité de Rose Christiane Ossouka Raponda. Dans les salons feutrés du Palais Rénovation, il se susurre que lors de sa visite dans l’Ogooué-Ivindo, le numéro un gabonais avait promis la Primature à l’ancien ministre des Sports. Une promesse non tenue, mais substituée par la promotion de l’élu du Canton Ntang Louli à la fonction de Vice-premier ministre, avec des pouvoirs élargis de coordonnateur de l’action gouvernementale.
Des pouvoirs étendus, donnés sciemment par Ali Bongo Ondimba qui actent clairement, la confiance renouvelée de ce dernier à l’ancien ministre des Affaires étrangères et la mise en minorité de Rose Christiane Ossouka Raponda. Une cheffe de gouvernement qui s’est montrée incapable de mettre en pratique la feuille de route qui lui a été prescrite par le président de la République et aujourd’hui éclipsée par les nombreuses descentes sur le terrain et la communication minutieuse d’Alain Claude Bilié-By-Nze.