Dénonciation d’une prétendue xénophobie: nouvel écran de fumée du régime ?

A quelques mois des prochaines élections, le pouvoir tente de faire effet à travers un Un débat stérile et oiseux © DR

Libreville, le 27 juin 2023 – (Dépêches 241). Dans l’incapacité de défendre son  bilan à  presque un mois de l’ouverture officielle de la campagne présidentielle, le régime fait de la dénonciation d’une prétendue xénophobie un argument de campagne. Une posture indécente, vertement critiquée par une partie de l’opinion et de l’opposition, en ce qu’elle cautionne de façon insidieuse les abus d’une partie des ressortissants étrangers installés au Gabon contre ses compatriotes. 

À quelques mois des élections générales, le parti au pouvoir tente d’éluder les questions relatives à son bilan, préférant faire diversion en dénonçant une prétendue xénophobie ayant cours dans notre pays. En effet, mi-juin, le porte-parole du Parti démocratique gabonais (PDG) David Ella Mintsa s’est fendu d’un communiqué dans lequel il dénonce « la récurrence des discours et autres propos aux relents xénophobes relayés de façon virale sur les réseaux sociaux ». Un discours vertement critiqué par une partie de l’opinion. C’est le cas de Paul Marie Gondjout, un opposant proche du régime, qui a ainsi invité le parti au pouvoir à faire de « la pédagogie au lieu de monter les Gabonais les uns contre les autres ». 

On risque peu de se tromper en affirmant que le parti au pouvoir brille par  une communication particulièrement dangereuse et stigmatisante, aux antipodes des aspirations légitimes du peuple. Lequel espère en effet que le président sortant Ali Bongo, défendra son bilan à quelques mois des échéances électorales. On se souvient qu’en 2016, le pouvoir avait publié un document de 132 pages, intitulé « Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) – panorama des réalisations 2009-2016 ». Un exercice de transparence supposé, que le candidat naturel n’a pas renouvelé pour ce deuxième mandat. Peut-être conscient d’une réalité, celle de l’inexistence d’un bilan conséquent. 

Le moins que l’on puisse dire, est que le dernier septennat d’Ali Bongo a été marqué par ses soucis de santé. De ce fait, les projets tels que la construction des hôpitaux, des écoles, des routes, et la lutte contre le chômage ont été relégués au second plan. Sans surprise, dans sa dernière interview accordée à Jeune Afrique, le fils d’Omar Bongo n’a pas eu d’autres choix que de présenter le programme Gabon-Égalité dont-il fait la promotion aux côtés de son épouse, et la lutte contre le réchauffement climatique, comme les projets phares de son mandat finissant. Un véritable caillou dans la chaussure d’Ali Bongo manifestement en manque d’arguments, à moins d’un mois de l’ouverture officielle de la  campagne présidentielle. 

Conscient de cette réalité, le pouvoir par le biais du Parti Démocratique Gabonais, a tenté de façon infamante de s’engouffrer avec le risque que cela comporte dans la brèche de la xénophobie. Une notion dont David Ella Mintsa and cie n’ont visiblement saisi le sens ni la portée en la confondant avec le nationalisme. Pour la gouverne du PDG, la xénophobie est une attitude hostile et agressive envers l’étranger. Le Nationalisme par contre est définie comme un amour passionné pour sa nation.

En réalité, et c’est certainement ce que le pouvoir ignore. Les Gabonais n’ont jamais été hostiles envers la présence des étrangers au Gabon car nous avons conscience qu’aucune Nation ne se développe sans l’aide des étrangers. L’idée défendue par plusieurs compatriotes réside dans le fait que la priorité doit être donnée au Gabon en tout temps, en tout lieu et en toute circonstance. 

C’est d’ailleurs la position de Geoffroy Foumboula Libeka, acteur de la société civile qui n’a pas manqué de rappeler la différence de traitement selon qu’il s’agisse du traitement réservé aux étrangers au Gabon et celui appliqué à certains Gabonais aux étrangers. « L’hospitalité est réciproque, en dehors de la réciprocité cela devient du maboulisme. Votre compatriote Gervais ANGO, après avoir investi plus de 350 millions a été poussé à la faillite au bout d’un an par ses concurrents regroupés en lobbies sénégalais qui estiment que ce secteur est le leur, on ne vous a pas entendu » , a-t-il d’abord lâché avant de poursuivre. « Dans les autres pays africains, la nationalité n’est pas octroyée avec autant de facilité qu’au Gabon, faites un droit comparé des codes de nationalité africain pour le comprendre. Vous œuvrez à travers vos parlementaires à voter des lois visant à fragiliser le GABONAIS autochtones et vous empêchez à ce dernier de chercher à récupérer ses droits en le traitant de xenephobes. Le Gabon aux Gabonais, nous ne sommes qu’au début », a-t-il ajouté. 

Si la xénophobie est condamnable, il est important d’admettre que l’hospitalité condamne l’étranger à ne pas se mêler des sujets de souveraineté. Et, c’est certainement cette subtilité qui n’a pas été saisi par le Parti Démocratique Gabonais. 

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