An un de la Transition: de l’espoir suscité à la déception généralisée ?

Les militaires du CTRI posant devant le monument de la Libération semblent s’être politisés bien plus qu’autre chose ©ComPrésidentielle

Libreville, le 02 septembre 2024 – (Dépêches 241). Vendredi 30 août dernier, tout le monde l’a vu, puisque les deux principales chaînes de télévision se sont mobilisées à cet effet, l’an un du putsch devenu « Coup de libération » a été célébré avec faste et ferveur sur l’esplanade du Palais de bord de mer, abritant la Présidence de la République. 

Le moins que l’on puisse dire est que ce vendredi la fête fut belle ; défilés militaire et civile bien exécutés. Tout le monde, imitant les hommes et femmes en treillis, s’est mis au pas. Pour le temps d’une journée, les Gabonaises et  les Gabonais par la puissance de la mise en scène se sont sentis fiers et remplis d’amour pour le pays. La classe dirigeante et le peuple dans une espèce de communion pour le temps d’une journée, ont vibré au rythme de la force des symboles. 

Mais tout cela serait plus honorable si, au goût du faste qui semble le caractériser, le Comité pour la Transition et  Restauration des Institutions (CTRI) ajoutait de la cohérence à son action politique. Car, la réalité du présent est telle qu’il n’est pas besoin d’être un expert de l’analyse politique pour constater la persistance des incohérences dans la gouvernance des militaires.

Le népotisme, le clientélisme, la gabegie financière et le culte de la personnalité, comme sous l’ancien régime règnent toujours sans complexe. De façon encore plus décomplexée, on remarque que de nombreux leaders passés dans l’opposition, sans doute par mécontentement sous Ali Bongo, redeviennent comme d’antan, des prédéfinis.

Pire, les uns et les autres ne manquent pas d’imagination. Chacun à la mesure de son talent fait son numéro. Le kounabéliste: Bertrand Zibi qui scande avec entrain Oligui, Josué ! Oligui, Josué ! L’humble: Jonathan Ignoumba posant dans son village assis sur un pneu usé mangeant et buvant comme un parfait villageois. L’assidue: Camélia Ntoutoume toujours prête et disposée à mettre de l’ambiance dès lors qu’il s’agit d’une cérémonie présidentielle. Tout cela en soi n’est pas le plus inconvenant, encore moins le fait que le dessein plus ou moins clair du Président de la Transition soit celui de la réunification des filles et fils du Gabon par-delà leur passé bien connu.

Mais ce qui un an après est essentiel et mérite d’être interrogé c’est désormais la capacité du CTRI à rendre visible sa direction. Car, tout donne de plus en plus à croire que la Transition est menée à vue, c’est-à-dire sans vision claire de là où va le pays. Le sentiment partagé est même celui qu’il redevient le Gabon d’avant Ali Bongo: un pays dans lequel le contentement des élites militaires et politiques permettait au pouvoir de dormir tranquille. 

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