Libreville, le 4 juillet 202 – (Dépêches 241). Le ministre de l’Intérieur, Lambert Noël Matha a pris, il y a quelques jours, l’arrêté portant création de la commission médicale devant examiner l’état de santé des candidats à l’élection présidentielle. Une commission dont la mission est de délivrer, avec objectivité, le certificat médical attestant de la capacité entière et totale d’un candidat à exercer la fonction présidentielle. Une expertise à laquelle devrait se soumettre Ali Bongo Ondimba, potentiel candidat, et dont les conclusions seront attendues avec une particulière attention par les Gabonais, au regard de l’état de santé fragile et chancelant du président sortant.
Le 2 avril dernier, à l’occasion de la célébration des 55 ans du parti démocratique gabonais (PDG), le président s’était, de façon totalement abrupte, livré à un exercice pour le moins inattendu. Une sorte de confession de foi sur son accident vasculaire cérébral survenu à Riyad le 24 octobre 2018. Ali Bongo s’était peut-être senti, ce jour-là, l’obligation de briser la glace sur son état de santé. Sans doute avait-il voulu en parler lui-même, la mettre en scène, la raconter, susciter l’empathie, ouvrir la boîte de pandore et par la même occasion la refermer et mettre fin à ce débat dont le venin a empoisonné la fin de son septennat.
D’ailleurs, tout au long de son périple républicain, sur l’ensemble du territoire, Ali Bongo n’a eu de cesse de donner des gages sur son état de santé, sans cesse attaqué et critiqué par l’opposition, une partie de l’opinion, et certains de ses pourfendeurs. Ce fut entre autres le cas à Owendo et Akanda où le président sortant à rassurer son beau monde, pour ne pas dire, s’est rassuré lui-même. « Je peux enfin visiter tout le Gabon et tous les Gabonais pour dire que je vais bien, vous me voyez, je vais mieux, je me porte bien et je suis là à votre service », avait-il déclaré.
Des efforts de persuation et de maintien de cette intime conviction qui devraient pourtant être à nouveau mis à rude épreuve à l’heure où se dresse, devant Ali Bongo Ondimba, la commission médicale chargée de se prononcer par voie d’expertise médicale, sur l’aptitude ou l’inaptitude des candidats à l’exercice de la fonction de président de la République. Car c’est un fait, Ali Bongo est encore malade. Il porte par-devers lui les scarifications, et les marques physiques de sa maladie. Une réalité qui devrait à nouveau faire resurgir les velléités de l’opposition, porteuses avec elle des métastases de ce cancer qui a parasité le second septennat du président sortant. Une tumeur cancéreuse dénommée « Appel à agir » qui a toujours émis des doutes « sur ses facultés physiques et mentales ainsi que sa capacité à exercer pleinement sa fonction de Président de la République ».
Pour autant doit-on les condamner ? Le Collectif Appel à Agir a-t-il foncièrement tort de s’interroger avec gravité et acuité sur cette question ? Assurément non, car la lourdeur de la fonction présidentielle suppose, pour l’exercer, que son prétendant soit en parfait état de santé physique et mental. Et l’histoire, au-delà des Pyrénées, nous commande une certaine neutralité dans l’analyse de cette question, puisqu’il en va de l’intérêt supérieur de la Nation.
En 1985, en France, au plus fort de la maladie du président François Mitterrand, le débat sur son habileté à exercer sa fonction présidentielle avait émergé de façon républicaine. Une majorité des Français avait considéré qu’une personnalité d’un certain âge, atteinte d’un cancer, n’avait plus toutes ses facultés. La prise incessante de médicament ayant des répercussions importantes sur les facultés de l’homme assujetti à ces prises médicamenteuses. Une théorie confirmée par Claude Gubler, médecin personnel du président de socialiste, lequel déclarait que la « thérapeutique va annihiler les capacités intellectuelles de n’importe quel individu ». Mieux, c’est cette interrogation populaire, qui s’assimile à la question du Gabon, que Michel Gonod, journaliste proche de Mitterrand, va soumettre à l’opinion . « Un homme qui se goinfre de médicaments est-il sain d’esprit pour prendre des décisions qui engagent l’avenir d’un pays ? », avait-il demandé.
Ali Bongo Ondimba étant soumis du fait de sa maladie à un traitement particulier, il va sans dire que c’est, entre autres, à cette question que devra répondre la commission médicale chargée de la délivrance du certificat médical des candidats postulants à la fonction présidentielle. Une commission composée du Pr Mwanyombet Ompounga Lucien, du Dr Eric Baye, du Dr Jean Emmanuel Ecke Nzengue et de l’urologue Dr Jean Massande. Lesquels doivent se garder de consommer, par partisanerie ou par pusillanimité, le délit de faux en écriture publique en publiant des résultats qui ne reflètent pas la réalité de l’état de santé des candidats qui souhaitent présider la destinée du Gabon pour les 5 prochaines années.