Réformes concernant les modalités de vote: Mays Mouissi livre son analyse

Mays Mouissi pointe plusieurs incohérences © DR

Libreville, le 3 août 2023 (Dépêches 241). Au lendemain de l’annonce par le Centre Gabonais des élections des réformes concernant les modalités du vote lors des prochaines élections générales, l’économiste et analyste politique, Mays Mouissi a livré dans une tribune son analyse. Nous publions in-extenso ladite tribune. 

Pour des élections transparentes, justes et apaisées

 Chers tous,

Ce mardi, 1er août 2023, M. Michel-Stéphane Bonda, Président du Centre Gabonais des Élections (CGE) a annoncé un nouveau changement des modalités du vote lors des élections à venir.

Le principal changement annoncé consiste à la création d’un bulletin de vote conjoint par parti sur lequel figurera en même temps le candidat dudit parti à l’élection présidentielle et le candidat de ce même parti à l’élection législative ainsi que son suppléant. Voter pour l’un reviendra à voter pour l’autre selon les explications données par le Président du CGE lors de sa conférence de presse. En outre, ce dernier a précisé que les candidats indépendants disposeront pour leur part de bulletins individuels puisque n’appartenant à aucun parti politique. Enfin, il a ajouté qu’une seule urne recevra les votes exprimés pour les présidentielles et pour les législatives.

En résumé, chaque parti ayant présenté un candidat à la présidentielle et à l’élection législative dans une circonscription disposera de son bulletin conjoint qui lie le vote du député et du président de la République pour les deux élections tandis que les candidats indépendants disposeront de bulletins individuels où seuls leur photo, leur nom et l’identité de leur suppléant figureront.

Cette annonce appelle de ma part des questionnements que je formule sous la forme de cas pratiques ci-dessous.

Cas pratique n°1 :

Admettons, qu’un électeur du 3e arrondissement – 2e siège de Libreville, décide de voter pour le candidat indépendant Raymond Ndong Sima à l’élection Présidentielle. Le jour du vote, cet électeur va prendre le bulletin où seul figure la photo de Raymond Ndong Sima. A cet instant là, il n’aura pas encore voté pour le scrutin législatif. Pour voter aux législatives, il devra prendre un autre bulletin où figure la photo d’un candidat aux législatives. Or, les bulletins de plusieurs candidats aux législatives font apparaître la photo du candidat de leur parti à la présidentielle et le vote de l’un entraîne le vote de l’autre.

Ainsi, si cet électeur devait choisir comme député le candidat Alex Bernard Bongo Ondimba, le candidat du PDG aux législatives dans sa circonscription, cela reviendrait aussi à choisir Ali Bongo Ondimba comme Président de la République puisque le vote est lié. Or, cet électeur aura déjà voté pour Raymond Ndong Sima à la Présidentielle.

Dans ce contexte, cet électeur aura voté 3 fois. 2 fois à la Présidentielle (pour Raymond Ndong Sima et Ali Bongo Ondimba) et une fois aux législatives (pour Alex Bernard Bongo Ondimba).

Cas pratique n°2 :

Il s’agit du cas inverse, toujours dans le 3e arrondissement – 2e siège de la commune de Libreville.

Si un électeur de cette circonscription vote pour le candidat indépendant Geoffroy Foumboula Libeka Makosso à la députation, lequel aura un bulletin où il apparaîtra seul avec son suppléant, il lui faudra ensuite voter pour l’élection présidentielle. Si ce dernier choisit de voter pour Ali Bongo Ondimba à la présidentielle, en prenant son bulletin, les votes étant liés, il votera aussi pour le candidat du PDG à la députation, Alex Bernard Bongo Ondimba. Résultat, cet électeur aura voté 3 fois. 2 fois pour les législatives (Pour l’indépendant Geoffroy Foumboula Libeka Makosso et le pdgiste Alex Bernard Bongo Ondimba) et une fois pour la présidentielle (pour Ali Bongo Ondimba).

Les deux cas énoncés ci-dessus étant problématiques, chacun peut se faire sa propre opinion de ces changements subreptices des règles à 3 semaines de l’élection.

Pour ma part, je considère que les questionnements posés ci-dessus appellent une réponse urgente de la part du Centre Gabonais des Élections (CGE) et de son Président.

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