Libreville, le 25 septembre 2023 – (Dépêches 241). Nommé le 21 septembre dernier par le Comité de transition, Pierre Duro a de nouveau été porté à la tête de la Task Force sur la dette intérieure et extérieure réactivée par le nouveau pouvoir de Libreville. Une nomination controversée pour plusieurs observateurs avisés de la politique Gabonaise au regard du pedigree de cet expert judiciaire français de 74 ans connu pour son appétence maladive pour les pots de vins et les rétrocommissions. Des attitudes en raison desquelles il avait été écarté et remercié après son échec dans la conduite de la Task Force sous le régime déchu d’Ali Bongo Ondimba.
Soupçons de corruption, dérapages, pratiques peu orthodoxes, « fortes odeurs de corruption rapportées au plus haut sommet de l’État ». Ce sont là, en substance, quelques motifs invoqués le 10 octobre 2022 par Jean-Yves Teale, ancien secrétaire général de la présidence de la République, lequel à travers une lettre, avait purement et simplement éconduit Pierre Duro de la Task Force sur la dette qu’il dirigeait sous la supervision de Noureddine Bongo Valentin aujourd’hui écroué pour détournement de fonds et haute trahison.
Dans ledit courrier, l’ancien pouvoir laisse transparaître des accusations de curruption à peine voilées dont le sulfureux expert judiciaire en serait le responsable. « Par ailleurs, je voudrais rappeler que le Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Ali Bongo Ondimba conduit une politique de tolérance zéro à l’égard de la corruption et nous demande d’être plus que jamais attentifs à toutes formes de pratiques ternissant l’image de notre administration », a-t-on pu lire chez nos confrères de Gabonreview.
« Pratiques ternissant l’image de notre administration », on peut pas être plus claire. Il est évident que Pierre Duro le chef de mission de la Task force pour le règlement de la dette extérieure ne jouit pas d’une bonne moralité. D’autant plus que selon le quotidien national, son départ de la Task Force sous le règne de la Young Team, personnalités desquelles il était du reste très proche, « fait suite aux nombreux dérapages et récriminations de la part de plusieurs administrations à l’endroit de l’équipe dirigée par l’expert Pierre Duro », indique le média. Des faits d’une extrême gravité, qui tranchent avec le discours du général Brice Oligui Nguema lequel a fait de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités dès son arrivée à la tête du Gabon. Des faits incompatibles et incompréhensibles qui en outre rendent inopportune la nomination de Pierre Duro à la tête de la Task Force sur la dette.
Peut-on réellement attendre d’une personnalité qui traîne une réputation non usurpée de corrupteur qu’elle traque de façon rigoureuse les voleurs de la République ? En quoi l’expert judiciaire français est-il si indispensable ? À l’heure de la promotion de l’idéologie de la préférence nationale, quel message envoie Brice Oligui Nguema en nommant un expatrié aux fréquentations douteuses et sur qui pèse d’importants soupçons de corruption à la tête de la Task Force? Le CTRI veut-il nous faire croire qu’il n’y a aucun Gabonais suffisamment compétent pour occuper cette fonction ? Pour quelles raisons Pierre Duro avait-il été remercié sous l’ancien régime ? Veut-il nous faire croire que les accusations portées contre sa personne étaient infondées ?
Ces questions en bon droit méritent d’être posées, au regard du tollé et de l’indignation suscités par la nomination de Pierre Duro lequel n’avait pas atteint les objectifs escomptés à la tête de la précédente Task Force.