Changement Politique au Gabon: quand la CEMAC et la CEEAC ne comprennent rien, comme toujours 

Membres de la CEEAC et de CEMAC ©DR

Libreville, 27 Février 204 – (Dépêches 241). Le Gabon vit en ce moment un épisode inédit et exceptionnel de son histoire. Un processus électoral délibérément bâclé par le pouvoir en place, débouchant sur une organisation catastrophique qui menaçait de plonger le pays dans un chaos aux dimensions et aux conséquences incalculables. 

Fort heureusement, le scénario du pire a été évité au peuple gabonais, grâce à l’intervention opportune et salutaire des Forces de Défense et de Sécurité qui, flairant le danger, ont décidé collectivement de prendre toutes leurs responsabilités. Elles ont créé un Comité de Transition pour la Restauration des Institutions (CTRI) regroupant tous les corps des Forces Armées Gabonaises. Le CTRI a mis fin au régime en place sans discontinuité depuis plus de 50 ans. Il a dissout toutes les institutions politiques du pays, mis en résidence surveillée le Président Ali Bongo Ondimba et sa famille, a annoncé les premières arrestations de proches collaborateurs du Chef de l’Etat pour des faits et délits graves et l’ouverture d’enquêtes judiciaires autour de ces délits.

Dans le même temps, le Président du CRTI, choisi à l’unanimité par ses pairs, a entamé une série de consultations de différents pans des Forces Vives représentatives de la société, témoignant ainsi de ses prédispositions à l’ouverture, au dialogue, à l’écoute de la société gabonaise, à l’aube d’une transition qui s’inscrit sous les meilleurs auspices. 

Tout porte à croire que, telle qu’elle se met progressivement en place, la transition politique gabonaise est sur de bons rails, et augure de lendemains prometteurs pour le pays, pourvu que l’adhésion populaire et le soutien du peuple gabonais ne se démentent pas. Cela fait penser à la célèbre phrase de Nelson Mandela : « Ce qui est fait pour nous, sans nous, est fait contre nous » 

Comment comprendre que deux organisations sous-régionales – en l’occurrence la CEMAC et la CEEAC – dont le Gabon fait partie en tant que membre co-fondateur – se soient précipitées pour prendre et annoncer contre le Gabon des décisions inopportunes, dès les 30 et 31 août, sans prendre le temps d’observer, de comprendre et d’analyser, avec objectivité, les prémisses de ce qui a tout l’air d’être une véritable révolution dans un Gabon qui a tant subi, tant attendu, tant espéré sa libération. Ce dont le Gabon a plus et grand besoin aujourd’hui, c’est la compréhension et le soutien des pays frères de la sous-région, mais  certainement pas leur condamnation…

LA CEMAC D’ABORD !

Le communiqué de la CEMAC est signé dès le 30 août, jour du coup d’Etat, par son président en exercice, Faustin Archange Touadéra, depuis Bangui. Dès ce jour-là, il a « condamné fermement la tentative de coup d’Etat en cours… ».  Même au Gabon on ne réalise pas encore vraiment ce qui est en train de se passer, mais Touadéra, à des milliers de km, «condamne » déjà « fermement » ! C’est lui qui comprend mieux la situation que les Gabonais, témoins et acteurs !

Ce n’est pas tout. Le petit prof de Bangui, qui se prend pour un démocrate, qu’il n’est pas et ne sera jamais, a osé rappeler je ne sais à qui que « Tout changement anticonstitutionnel de gouvernement (est) une violation intolérable des principes fondamentaux de la Communauté ». Incroyable! C’est Touadéra qui écrit cette… énormité. Lui qui vient de faire pire chez lui, en destituant la Présidente de la Cour Constitutionnelle et un autre juge constitutionnel, laquelle s’opposait à sa folie de violer la Constitution en se donnant un 3è, 4è, 5è, 6è mandat ; ces juges destitués en totale violation de la disposition constitutionnelle relative à l’inamovibilité des juges constitutionnels, il s’est fabriqué sa petite « cour constitutionnelle » illégale, puis, s’est fait écrire « sa » nouvelle constitution qu’il a imposée au pays le 30 juillet 2023 !!

La CEMAC voit tout ça, ferme la bouche et le laisse faire. Et le voilà qui veut donner des leçons de respect de la constitution au Gabon ! Quelle crédibilité peuvent avoir les paroles d’un Touadéra?  Il poursuit : Il « exhorte toutes les parties à préserver la paix (et à) privilégier le dialogue comme mode par excellence de résolution des différends ». Touadéra, homme de paix, homme de dialogue !  Là, c’est trop fort ! Qui peut croire ça ? Son bilan politique chez lui après 12 ans, (5 ans PM + 7 ans PR) est si ridicule que ses divagations se passent de tout commentaire. Disons, en paraphrasant : « Seigneur, pardonne-lui, il ne sait pas ce qu’il dit » ! Touadéra, qui a décrété depuis décembre 2020 une guerre, qu’il ne gagne toujours pas, qui a importé en RCA la tristement célèbre milice Wagner et des miliciens rwandais , aussi inefficaces que budgétaires. Touadéra, dont la présidence n’est qu’une fiction, depuis qu’il est devenu l’otage de Wagner, qui sont les vrais maîtres de son pays…

Certains se demandent pourquoi les coups d’Etat se multiplient et se banalisent en Afrique. La bonne question à poser est plutôt : avec des présidents comme Touadéra, n’est-il pas étonnant qu’il n’y ait pas plus fréquemment des coups d’Etat ?

LA CEEAC ENSUITE

Quelques heures seulement après le “communiqué ” de Touadéra au nom de la CEMAC, le 30 août, voilà l’autre organisation, la CEEAC, qui se signale, tout aussi hâtivement et maladroitement,  le 31 août, par son “communiqué”.

Cette CEEAC,  réputé planétairement comme un drôle de club rassemblant et abritant quelques dinosaures politiques à la longévité exceptionnelle :

– Teodoro Obiang Nguema (1979-2023), 44 ans de règne;

– Paul Biya (1982-2023), 41 ans de règne; 

– Denis Sassou Nguesso (1979-1992 et 1997-2023), (13 ans + 26 ans de règne);

-Paul Kagamé (1994-2023), 29 ans de règne;

– Mahamat Déby, succédant à papa mort après 31 ans de règne (1990-2021);

– Ali Bongo Ondimba (2009-2023), ayant succédé à papa (14 ans + 41 ans de règne total 55 ans);

– Joao Gonçalves Lourenço, copain et  successeur de 6 ans de José Eduardo dos Santos (mort après 39 ans de règne)… 

Voilà le tableau éloquent de cette fameuse CEEAC ! 

Un prototype de curiosités préhistoriques, qui gouvernent, non, qui règnent sur la sous-région d’Afrique Centrale, depuis des décennies. Des générations, et entendent le perpétuer, ad vitam æternam ! On peut aisément comprendre que cette CEEAC se ferme hermétiquement à toute ouverture, à toute libération, à la moindre évolution….

Elle est donc très mal placée pour comprendre et accepter la réalité actuelle en cours au Gabon, où, le vaillant peuple, en communion avec les Forces de Défense et de Sécurité, a décidé de relever la tête, de secouer le joug asphyxiant d’une dictature qu’il ne supporte plus, et ne permettra plus jamais !

Notons que le 31 août dernier, cette CEEAC s’est trouvée réduite à la portion congrue : sur les 10 ou 11 pays membres, à peine 4 ont pris part au « sommet extraordinaire » sur le Gabon, sommet tenu pourtant par visioconférence!!!

Arrêtons-nous un instant sur deux résolutions de ce « sommet »

1/ La CEEAC invite les FDS du Gabon à « assurer la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales de tous » 

Cela fait sourire… Ces mots, sortant des bouches de ces tyrans, prennent une résonance étrange. Voilà des gens qui bafouent régulièrement les droits de l’homme, violent régulièrement les libertés fondamentales, y ajoutent le pillage systématique des ressources de leurs pays, au vu et au su de la CEMAC et de la CEEAC,  qui se taisent , les cautionnent et les couvrent, les voilà qui veulent donner des leçons et des ordres au vaillant peuple gabonais!!  Qui peut croire  ça?

2/ La cerise sur le gâteau, la voici : la CEEAC « a désigné Son Excellence le Professeur Faustin Archange Touadéra, Président de la République Centrafricaine  Facilitateur du processus politique en République Gabonaise, chargé d’engager les pourparlers avec tous les acteurs gabonais »  Akiééé ! Pauvre Afrique Centrale! Triste CEEAC ! Il faut être en panne totale d’inspiration et d’imagination, ou simplement en manque d’informations,  pour nous sortir ça!!

Touadéra viendra au Gabon “faciliter” quoi? Il viendra « engager » quels « pourparlers », entre qui et qui?  Le CTRI depuis le 30 août démontre qu’il pilote ce changement avec maestria; les acteurs gabonais qui le savent, approuvent et s’y impliquent de plus en plus massivement, sont conscients que la voie prise est la bonne. C’est ça qui compte, et non les rêveries de la CEEAC. 

Et puis, ce « Facilitateur » désigné, qui ignore qui il est, sa gouvernance, ses forfaitures répétées, son bilan calamiteux ? Qu’est-ce qu’un tel… type, qui, chez lui, va d’échecs en échecs dans tout ce qu’il entreprend, peut apporter au Gabon Nouveau qui est en train de s’écrire au quotidien, de façon lucide, réfléchie, et consensuelle?

Le dernier fait en date de Touadéra (que ne manquera pas de lui brandir le Président de la Transition, un homme, qui sait ce que parler entre hommes signifie), ce sera de rappeler à Touadéra son tout récent “coup d’Etat constitutionnel” du 30 juillet 2023, sur lequel et la CEMAC,  et la CEEAC,  et l’UA se taisent et se coalisent dans un silence complice honteux. Avant de le prier poliment d’aller ailleurs,avec sa pseudo « facilitation »

Ernest Lakouéténé-Yalet

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