Libreville, 13 septembre 2021 (Dépêches 241). Alors que l’affaire Vincent de Paul Massassa, du nom ministre du Pétrole, accusé d’avoir tenté de corrompre le Premier ministre Rose Christiane Ossouka Raponda, continue de secouer la République, de nombreux observateurs avertis de la vie politique nationale, ont le regard tourné vers Francis Nkea Ndzigue. Le ministre de la lutte contre la Corruption, qui a souvent martelé son souhait de voir les responsables politiques faire preuve d’exemplarité dans la gestion des deniers publics, est attendu au pied du mur pour la mise en application de la politique de « Tolérance Zéro » dont il fait la promotion.
« La lutte contre la corruption, j’en fais un challenge personnel. Si vous connaissez des corrompus, dites leur que la récréation est terminée. Cette lutte ne se limitera pas aux petits corrompus du quartier, nous allons attaquer les corrompus qui sont au gouvernement ». Cette diatribe de Francis Nkea Ndzigue, qui avait fait le tour de la toile gabonaise en 2019, sonne encore plus fort aujourd’hui, alors que l’actualité politique nationale, est marquée par l’affaire Massassa, ce ministre qui au nom des «vieilles habitudes» se serait permis de faire parvenir une mallette de près de 150 millions de FCFA, à Rose Christiane Ossouka pour l’aider ( on se demande encore sur quel aspect voulait-il l’aider avec une somme aussi importante ). Une manœuvre anti-républicaine, qui a été dénoncée par le Premier ministre himself, au cours d’un conseil des ministres tenu le 11 août 2021 dernier.
Au delà des simples mots, l’opinion publique nationale, souhaite voir enfin, le ministre de la lutte contre la corruption et de la bonne gouvernance, mettre en application ses différentes promesses de lutte contre la corruption en diligentant une enquête qui aurait pour mission de faire la lumière sur cette affaire, qui ternit considérablement l’image du pays, qui porte atteinte à la politique du Chef de l’Etat et qui en sus, accentue la défiance des populations à l’endroit des élites politiques pourtant censées défendre leurs intérêts.
Surtout que le concerné, Vincent de Paul Massassa, avait accueilli dans les locaux abritant son département ministériel à l’immeuble du Pétrole, son collègue de la Lutte contre l’Enrichissement illicite pendant que ce dernier écumait les ministères pour délivrer le message du président de la République. Celui de demander aux différents ministres de sensibiliser leurs administrés sur la nécessité de lutter contre les pratiques qui obèrent les finances publiques. Francis Nkea avait même remis, à l’occasion de ce passage au ministère des Mines, du Pétrole et du Gaz le fameux livre, « Le guide pratique de la lutte contre la corruption » à Vincent de Paul Massassa.
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Autant dire que Vincent de Paul Massassa était clairement informé et au fait des pratiques condamnées et passibles de peines de prison consignées dans ledit guide. Pourtant, il s’est tout de même donné la liberté de faire déposer des sacs de billets pour tenter de corrompre sa supérieure hiérarchique, l’ancien édile de Libreville, Rose Christiane Ossouka Raponda. Plusieurs sources font état d’une somme avoisinant les 150 millions. Un montant pharaonique à la provenance ignorée et peut être occulte.
D’ailleurs posons nous la question où est ce que Vincent de Paul Massassa a-t-il pu trouver un tel pactole ? Quelle est la provenance de ces fonds ? Le ministre du Pétrole tient-il une caisse noire au sein de son ministère destinée à ( aider ) corrompre ses collègues ?
On ne peut pas faire plus grave. Francis Nkea Ndzigue, le chantre de la bonne gouvernance et de la lutte contre l’enrichissement illicite doit impérativement prendre ses responsabilités et sévir pour joindre l’acte à la parole ainsi qu’il l’a rappelé dans un Tweet sur les réseaux sociaux. « Suite à la révélation de plusieurs cas de détournements de deniers publics perpétrés ces derniers temps au sommet de l’État, le ministre de la Promotion de la bonne gouvernance, de la Lutte contre la corruption tient à rappeler que le président de la République conduit actuellement une politique de tolérance zéro à l’égard de la corruption et infractions assimilées, autrement dit, tous les coupables seront soumis à la rigueur de la justice »
Auxquels cas, ses différentes sorties et menaces sonneraient creux et n’auraient plus aucune valeur. Plus personne ne tiendrait compte des multiples mises en garde qui prendraient la forme de déclaration de façade. Sans action forte du ministre de la Promotion de la Bonne Gouvernance et de la Lutte contre la Corruption, si d’aventure cette affaire est confirmée, on assimilerait son inaction à celle d’un homme à la parole frappée du sceau de couardise et de la pleutrerie. Car on juge de la conviction et des valeurs d’un homme par l’harmonie entre ses paroles et ses actes comme le disait Michel de Montaigne. « C’est une belle harmonie quand le dire et le faire vont ensemble ».
Dans tous les cas, les conclusions du conseil des ministres de ce jour qui se tient quelques jours après la révélation de ce scandale d’Etat, seront particulièrement scrutées par les Gabonais.