Suspension des Partis Politiques: les insinuations pernicieuses d’Herman Immongault

Herman Immongault, Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité

Libreville, le 21 mai 2024 – (Dépêches 241). Le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité a animé une conférence de presse ce week-end avec pour thème principal la suppression des Partis Politiques, une des recommandations du Dialogue National inclusif. Au-delà de l’empressement curieux du Gouvernement via Herman Immongault à traiter de cette question, comme si elle relevait d’une priorité, il convient de souligner les incohérences de cet échange entre la presse et le membre du Gouvernement.

Devant la presse, le samedi 18 mai dernier, Herman Immongault s’est exprimé sur la résolution du Dialogue National Inclusif sécrétée par la Commission Politique et Réforme des Institutions, notamment celle relative à la suspension des partis politiques. Devant les hommes et femmes des médias, le membre du Gouvernement s’est d’abord attelé à justifier cette résolution antidémocratique qui du reste viole de façon insidieuse la Loi Fondamentale adossée depuis le 30 août à la Charte de la Transition.

Ce qu’il convient d’observer dans cette conférence de presse du Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, c’est d’abord le temps, la sémantique et la litanie d’insinuation d’évidences qui donnent à comprendre, qu’au sein du Gouvernement Ndong Sima, tout porte à croire que la décision de suspendre les Partis Politique est déjà actée alors que la voie référendaire supposée en faire, en définitive, une résolution applicable ou pas, n’a pas encore été empruntée. C’est en ce sens, qu’au lieu de faire usage du futur simple employé pour exprimer une action à venir ou pour évoquer une supposition en relation avec l’avenir, Herman Immongault a utilisé le présent de l’indicatif comme pour décrire un fait qui semble désormais acté, matérialisé, qui se passe au moment où on parle.

Dans la même veine, ce qui est à observer d’insidieux dans l’approche du Ministre de l’Intérieur, c’est cette volonté prématurée d’attribuer une certaine souveraineté à cette conclusion du Dialogue National Inclusif qui n’a emané en réalité que d’une poignée de Gabonais et que seul le référendum peut en établir le caractère souverain. C’est notamment le cas quand il a indiqué que cette résolution a « clairement été recommandée par le Peuple Gabonais , à la faveur du Dialogue National Inclusif » ou « selon les recommandations du Peuple Gabonais… »

Peut-on parler de Peuple Gabonais quand la résolution n’est l’émanation que d’une poignée de ce Peuple ? Pourquoi le Gouvernement s’empresse de donner un caractère souverain à une résolution qui n’est pour l’heure que proposition ? Herman Immongault prépare t-il l’opinion à une éventuelle application discrétionnaire de cette résolution comme ce fut le cas pour celle, lui ayant rétrocédé l’organisation des élections ?

Ces questions qui en bon droit se posent, laissent planer comme une sorte d’obstination chez les nouvelles autorités d’écarter les partis politiques même ceux répondant aux critères, aux moyens de motivations aérées et saugrenues. Reste à savoir si l’enjeu est véritablement de réorganiser l’environnement politique du Gabon ou simplement de disqualifier des éventuels adversaires politiques en vue des scrutins à venir.

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