Fonction Publique: manque d’effectif d’une part, saturation de l’autre, l’incohérence gouvernementale mise à nue 

Le Directeur Général de l’Emploi pendant l’émission ©DR

Libreville, le 27 mai 2024 – (Dépêches 241). L’émission Les Grands Dossiers, une nouveauté de l’équipe dirigeante de Gabon Première, a permis de mettre en lumière les nombreuses carences observées au sein de chaque Département ministériel. Alors que le Gouvernement continue de brandir l’argument de la saturation de la Fonction Publique, les nombreux ministres qui se sont succédés sur le plateau des Grands Dossiers affirment avec force et vigueur le contraire: pour beaucoup, leurs administrations peinent à effectuer leurs missions par manque de logistique, mais surtout par manque de personnels.

La question de l’employabilité des jeunes diplômés gabonais continue de se poser avec gravité. Si les événements du 30 août 2023 avaient fait naître de réels espoirs chez cette frange de la population, en ce qu’un arrêté portant sur le dégel des recrutements, d’intégrations, avancements et reclassements avait été pris par le Gouvernement de la Transition, les attentes sont en train d’être trop rapidement douchées. En cause, l’argument persistant d’une prétendue fonction publique arrivée à saturation continue d’être servi et répandu dans l’opinion. 

Et pourtant, à la lumière des passages de nombreux ministres sur le plateau de l’émission Les Grands Dossiers, il ressort de manière implacable une constante: plusieurs Départements ministériels végètent supposément, faute d’un manque cruel de personnels en leur sein pour assurer avec efficacité les missions qui leur sont dévolues. Qu’il s’agisse du Ministre de l’Education Nationale, de son collègue de l’Habitat et du Cadastre, celui de la santé ou encore du Ministre du Travail et de la Lutte contre le Chômage hier, ils ont tous à tour de rôle pointé le manque de personnels comme l’une des raisons de l’inefficacité des Départements ministériels dont ils avaient la charge.

Comment raisonnablement expliquer à ces dizaines de milliers de jeunes gabonais diplômés en Lettres, en Histoire et Archéologie, en Géographie, en Économie, en Philosophie et dans les Sciences dures qu’il n’y aurait plus de places dans le secteur éducation, quand la dernière enquête menée par ledit ministère aurait révélé un déficit de près de 9000 enseignants dans les collèges et lycées publics et parapublics du Gabon ? Comment expliquer à l’opinion la fermeture de multiples écoles et dispensaires à l’intérieur du pays, faute de personnels ? 

La tumeur des fonctionnaires fantômes toujours pas extraite?

Pire, hier dimanche, sur le plateau de l’émission Les Grands Dossiers, le Ministre du Travail et de la Lutte contre le Chômage a avoué un fait d’une extrême gravité. Son ministère ne compterait que 62 inspecteurs répartis sur dans les 9 provinces, et 4 véhicules pour l’ensemble de son administration. Si cette information est avérée, les nouvelles autorités devraient impérativement jeter un regard neuf sur ce ministère, qui joue un rôle crucial dans l’écosystème du travail au Gabon.

Pourquoi ne pas recruter les nombreux jeunes diplômés gabonais dans tous ces secteurs en manque criard de personnels? La saturation de la Fonction Publique tant répandue par le Gouvernement est-elle une réalité ? Si oui, qui sont ces Gabonais qui y travaillent alors que tous les Ministres ou presque formulent des plaintes pour manque de personnels au sein de leur Département ? Le Gouvernement doit désormais des réponses formelles et sans fioritures aux nombreux jeunes diplômés gabonais qui n’aspirent qu’à une seule chose, servir leur pays qui a payé chèrement leurs études.

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