Dialogue National Inclusif: quand un ancien «bourreau» du peuple tente maladroitement de s’ériger en donneur de leçons 

L’ancien Premier ministre veut s’érige en père la vertu  © DR

Libreville, le 31 mai 2024 – (Dépêches 241). Dans une lettre ouverte publiée sur sa page facebook il y a quelques heures, Alain Claude Bilie-By-Nze a livré son analyse sur les conclusions du Dialogue National Inclusif, qui s’est tenu du 2 au 30 avril dernier au stade d’Angondje. L’ancien Premier Ministre d’Ali Bongo Ondimba a vertement critiqué plusieurs recommandations issues de cette concertation, donnant le sentiment de s’ériger en donneur de leçons. Une posture surprenante, pour un homme qui a participé au Dialogue d’Angondjé de 2017 et aux Assises nationales de février 2023, qui ont détricoté les maigres acquis démocratiques du Gabon. 

Le 30 avril 2023, les rideaux sont définitivement tombés sur le Dialogue National Inclusif, avec la remise du rapport final des travaux, au Président de la Transition, le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema. Près d’un mois après cet événement, le dernier Premier Ministre d’Ali Bongo Ondimba, a publié une lettre ouverte dans laquelle, il a critiqué avec véhémence, de nombreuses recommandations issues de ce Dialogue National Inclusif. Pêle-mêle, Alain Claude Bilie-By-Nze a dénoncé la présence dans le rapport final, de plusieurs mesures portant selon lui les germes de l’exclusion et de la division. Il s’est insurgé contre les nouvelles conditions d’éligibilité du Président de la République ou encore, la suspension des activités du Parti Démocratique Gabonais et de ses alliés, pour une durée de trois ans. 

Si la démocratie reconnaît aux politiciens, le droit de commenter l’actualité et de livrer leurs analyses sur les décisions qui engagent la vie de la Nation, il n’en demeure pas moins que la sortie de l’ancien élu du canton Ntang-Louli a de quoi surprendre, mieux, elle est presque indécente. Ce d’autant que l’homme qui semble aujourd’hui s’ériger en donneur de leçon et en père la vertu, est le même qui a participé à la concertation nationale de février 2023, qui avait de l’avis de nombreux observateurs, détricoté les maigres acquis démocratiques du pays, en actant par exemple le retour de l’élection à un tour ou encore la nomination des sénateurs par l’exécutif. Ceci, en violation du principe démocratique de séparation des pouvoirs mais surtout, au mépris des attentes des Gabonais, qui espéraient naïvement voir des acteurs politiques comme Alain Claude Bilie-By-Nze, se hisser enfin à la hauteur de leurs espoirs au cours de ces assises. Que Nenni. 

La sortie d’Alain Claude Bilie-By-Nze semble par ailleurs tomber sous le sens, dans la mesure où cet acteur politique de premier plan sous l’ère d’Ali Bongo Ondimba, avait également participé à la concertation politique de 2017 qui avait abouti à une redistribution de strapontins, plus qu’à une réforme en profondeur des institutions. De quoi s’interroger. L’ancien Premier Ministre dispose-t-il d’une légitimité suffisante pour porter un jugement critique sur le Dialogue National Inclusif? Pourquoi lorsqu’il était aux affaires il n’a pas implémenté les réformes qu’il défend dans sa lettre ouverte? Alain Claude Bilie-By-Nze ne gagnerait-il pas à faire acte de contrition avant de s’ériger en donneur de leçons? ACBBN  pense-t-il que les Gabonais sont amnésiques ? 

Tout se passe comme si, celui que certains présentent à tort ou à raison comme un fin stratège politique, n’avait tiré aucune leçon de la dernière élection présidentielle durant laquelle, les Gabonais ont désavoué le régime d’Ali Bongo. Régime qu’Alain Claude Bilie-By-Nze avait défendu bec et ongles, même au lendemain des massacres post-électoraux de 2016. Bien que les commentaires et avis formulés par l’ancien porte-parole de la Présidence rejoignent ceux d’une poignée de Gabonais, il semble évident qu’Alain Claude Bilie-By-Nze au regard de son héritage politique et de ses œuvres, ne saurait donner des leçons aux participants de la dernière concertation nationale. 

Pour prêcher la vertu, il faut être irréprochable. Ainsi, l’ancien député gagnerait donc à se murer dans le silence en cette période de Transition. Tout autre posture friserait l’infamie car s’il y a une chose qu’on doit conserver c’est au moins la cohérence politique. On ne saurait condamner des actes que l’on a soi même naguère peut-être cautionnés. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*