Libreville, le 19 août 2024 – (Dépêches 241). Du 12 au 14 août 2024, le Président de la Transition, Chef de l’État Brice, Clotaire Oligui Nguema, bouclait dans la province de l’Estuaire sa tournée républicaine entamée il y a plusieurs mois. Au-delà des scènes de liesse et les bains de foule que les populations lui ont réservés, une image a heurté l’opinion: celle qui montrait un Oligui Nguema tout sourire avec plusieurs figures de l’ancien régime qui étaient encore prêtes à cautionner une nouvelle forfaiture au sommet de l’État en août 2023 et à faire couler le sang des Gabonais, pour préserver leurs postes et leurs privilèges, au grand dam des intérêts du peuple.
Embrassades, accolades, étreintes, câlins, enlacements, voilà les images qui sont invariablement revenues dans la province de l’Estuaire, entre Brice Clotaire Oligui Nguema et de nombreux thuriféraires de la régence des Bongo-Valentin, lors de la dernière étape de sa tournée républicaine. À Libreville, à Owendo ou encore à Akanda, tout comme à Kango, à Ntoum et Bikele, le spectacle était identique: un Brice Clotaire Oligui Nguema tout sourire avec ceux que le peuple considère encore comme le symbole du malheur des gabonais.
Sans nommément les citer parce qu’ils ne sont que trop connus, l’opinion a assisté quelque peu impuissante et trahie, à une démonstration du retour en grâce de plusieurs figures de proue du régime avilissant Bongo-PDG. Anciens membres du Gouvernement, anciens Parlementaires, anciens hiérarques du Parti Démocratique Gabonais (PDG), anciens sous-fifres de la tristement célèbre « Young Team », tous ou presque ont reçu un sourire, une poignée de mains, des accolades et embrassades de la part d’Oligui Nguema.
Une image extrêmement difficile pour un peuple encore très fortement meurtri par les peines et les souffrances infligées par ceux qui, récemment, étaient prêts à sacrifier le pays pour leurs intérêts bassement égoïstes et partisans, mais qui semblent être inexplicablement choyés par les autorités de la Transition. Une manière de faire qui interpelle à nouveau l’opinion et qui n’en finit plus de susciter des interrogations sur la sincérité du CTRI à œuvrer véritablement pour le peuple Gabonais et son bien-être.
Incompréhensions, incohérences et indécence de la gouvernance du CTRI ?
Un peuple qui hébété, se demande comment les militaires au pouvoir, de qui on attend plus de rigueur et de pragmatisme, entendent restaurer la dignité des Gabonais en faisant les Copains-coquins avec les anciens ennemis du Peuple. Ceux contre qui les militaires se sont interposés. Pourtant, lors de son discours d’investiture, Oligui Brice Nguema avait déclaré « quand les hommes politiques piétinent le Peuple, c’est à l’armée de lui rendre sa dignité ». Mais comment peut-on prétendre rendre la dignité à un Peuple en s’affichant tout sourire avec ceux-là même qui l’ont piétiné et broyé ?
Par cette attitude, disons le sans ambage, le Chef de l’Etat se dédit et frappe son message du sceau de la tartufferie car un vrai libérateur, en « Josué » qu’il se fait appeler, ne saurait s’accommoder des personnes qui avaient le dessein de tuer son Peuple. Cette attitude pose un véritable problème d’indécence, car s’afficher avec des personnalités qui ont cautionné, défendu et couvé la forfaiture des Bongo-Valentin, sans qu’ils aient à répondre de leurs actes, est parfaitement indécent. A cette allure, qu’on ne reproche pas aux Gabonaises et aux Gabonais de penser que le CTRI n’est qu’une version clonée du PDG. Et que les tenants du pouvoir actuel, dans leur majorité, ne travaillent pas à autre chose qu’à faire en sorte que le logiciel structurel du PDG serve à maintenir Brice Clotaire Oligui Nguema au pouvoir.
Pourtant, le Président de la Transition l’a à moult reprises précisé et spécifié. « Je ne suis pas un politicien, je suis un militaire ». Des mots mais dont les actes portent à l’oreille des Gabonais, une sonorité aux antipodes de ces déclarations. Une sonorité qui rappelle du reste les plus belles heures de la politique politicienne. Tout porte à croire que le CTRI s’est embourgeoisé avec des militaires qui semblent désormais plus enclins à faire de la politique. Et c’est bien là le souci, car considérer en situation de crise que faire de la politique est plus convenable que mettre chacun devant ses responsabilités est impertinent. Les Gabonais n’attendent pas que les oppresseurs d’hier soient pendus, mais à tout le moins qu’ils ne soient plus mis au devant de la scène, car le fautif a le devoir de rester discret pour que l’opprimé se sente réhabilité. Le contraire est proprement inopportun.