Libreville, le 04 septembre 2024 – (Dépêches 241). L’arrivée au pouvoir des militaires en août 2023 avait laissé poindre l’espoir de voir la gestion approximative des dépenses publiques s’arrêter, tant le Général avait formulé le vœu pieux d’assainir les finances publiques en pratiquant une orthodoxie financière digne de la rigueur que l’on reconnaît aux militaires. Seulement, à l’épreuve des faits, elle semble loin la rigueur tant attendue dans la gestion des finances publiques, au regard des nombreuses dérives observées depuis la prise de pouvoir des militaires. Cela vient encore de se confirmer à la suite du dernier Conseil des Ministres dirigé par le Président de la Transition himself. Le Gouvernement entend consacrer une enveloppe de 27 milliards de FCFA pour l’organisation du futur référendum.
En arrivant au pouvoir en septembre 2023, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema promettait de redresser le Gabon, en commençant par ses finances publiques qui étaient alors au plus bas. Pour en être le bon exemple, il avait renoncé à son traitement en tant que Président de la République, pour ne garder que celui de Commandant en Chef de la Garde Républicaine. Tout allait pour le mieux, les espoirs les plus optimistes étaient autorisés.
Seulement, les premiers signaux de gabegie financière et d’une gestion peu orthodoxe des finances publiques n’ont pas tardé à arriver. Tournée républicaine organisée avec faste et éclat, le tout supporté par le Trésor Public, multiplication des voyages à l’étranger, avec à chaque déplacement une impressionnante délégation, tous frais payés par le contribuable, et par dessus tout, le Dialogue National Inclusif d’avril dernier qui aurait coûté à l’État 5 milliards de FCFA pour entretenir 600 personnes. Des concerts organisés ça et là, la célébration de la journée de la Libération avec l’utilisation de plus de 500 drones, tous ces événements ont forcément un coût.
Alors que le CTRI et le Gouvernement de Transition s’emploient quotidiennement à répéter au peuple gabonais, tel un mantra qui sauvera le pays de sa situation financière extrêmement difficile, que l’État manque d’argent pour créer des entreprises qui vont générer des emplois, pour financer certains projets d’envergure nationale et pour recruter les jeunes diplômés à la fonction publique, on observe paradoxalement une hausse des dépenses publiques depuis plusieurs mois.
Une situation qui va vraisemblablement encore durer, puisque, lors du dernier Conseil des Ministres tenu le 31 août, le Projet de loi de Finances Rectificatives 2024 prévoit une nouvelle augmentation des dépenses publiques. « Cette hausse s’expliquerait particulièrement par la forte augmentation des dépenses liées au référendum (+27 milliards FCFA), des remboursements de la TVA (+30,7 milliards FCFA) et des besoins additionnels de l’administration publique (+48,0 milliards de FCFA) », peut-on lire dans le communiqué final dudit Conseil.
Sous d’autres cieux, au Sénégal, le gouvernement de l’époque avait organisé un référendum pour moins de 3 milliards avec une population insolemment plus importante que celle du Gabon vu que le pays de la Teranga est peuplé de plus de 17 millions d’âmes. Qu’est ce qui peut bien expliquer cet écart. Un écart qui n’est pas sans rappeler la dérive budgétaire du régime ancien qui avait fixé à 100 milliards l’organisation du dernier scrutin présidentiel.
Des décisions qui font émerger le souvenir d’une certaine « Young Team » qui, au plus fort de leur gestion approximative des affaires de l’État, avait budgétisé 100 milliards de FCFA pour les élections d’août 2023, et l’opinion s’en souvient encore du fiasco que cela a constitué. Vivement que les nouveaux dirigeants du Gabon répriment leur boulimie financière, afin de réorienter efficacement les dépenses publiques pour le plus grand bien des populations.
