La résiliation de contrats de sous-traitance par la SEEG sur injonctions d’Oligui Nguéma : Une décision saluée mais peut-elle être sans conséquences ?

Le président de la Transition n’aurait-il pas mieux fait d’encadrer et revisiter ces contrats au lieu de rompre de façon abrupte toutes les conventions ?  ©ComPrésidentielle

Libreville, le 4 octobre 2024 – (Dépêches 241). Dans une décision surprenante qui a suscité des réactions mitigées, le Président de la Transition du Gabon a ordonné la résiliation de contrats de sous-traitance des prestataires de la Société d’Energie et d’Eau du Gabon (SEEG). Selon notre confrère l’Union dans sa publication du 23 septembre 2024, il s’agirait de 2 600 entreprises qui assuraient des prestations dans des domaines variés tels que la maintenance des infrastructures et la logistique. Cette mesure, qui vise à réformer le secteur de la gestion des ressources en eau et en électricité, entraîne des conséquences considérables sur plusieurs fronts.

Sur le plan social, la résiliation de ces contrats pourrait entraîner des désastres dans le tissu social gabonais. Avec des milliers d’emplois menacés, la décision a immédiatement suscité l’inquiétude parmi les travailleurs et leurs familles. Les conséquences sont particulièrement lourdes pour les petites et moyennes entreprises (PME), qui dépendent souvent de ces contrats pour leur survie.Des milliers de travailleurs pourraient se retrouver au chômage, exacerbant davantage le sentiment d’insécurité économique déjà présent dans une société marquée par des inégalités croissantes.Voilà des milliers d’emplois qui vont être détruits et des centaines de familles qui vont plonger dans la précarité. Les licenciements massifs pourraient par ailleurs entraîner des manifestations et des grèves, conduisant à des tensions sociales dans un pays encore meurtri par la gestion chaotique du régime Bongo-PDG. 

Sur le plan économique, cette décision pourrait poser des défis majeurs à la croissance et à la stabilité du pays. La SEEG joue un rôle crucial dans la fourniture de services essentiels, et une telle décision prise sans assurer les arrières pourrait perturber plus dangereusement l’approvisionnement en eau et en électricité et perturber ainsi l’activité de toute la machine de production du pays. Dans le même temps, les entreprises de sous-traitance, souvent les moteurs de l’économie locale, vont faire face à des pertes financières significatives. Cela pourrait entraîner des faillites en chaîne, aggravant la crise économique dans le pays sans compter la dégradation des services fournis par la SEEG, affectant la qualité de vie des citoyens.

Sur le plan politique, la décision pourrait avoir des répercussions significatives sur la gouvernance et la stabilité du Gouvernement. Si la situation économique se détériore davantage et que des troubles sociaux émergent, le Gouvernement risque de perdre le soutien d’une population déjà frustrée par des manigances autour de la volonté manifeste de l’Exécutif de se maintenir au pouvoir à tout prix. Une volonté perçue comme une sérieuse menace pour l’avenir du pays. Une telle décision va certainement alimenter les détracteurs du pouvoir qui pourraient davantage capitaliser sur ce mécontentement pour critiquer le Gouvernement et appeler à des réformes plus larges dans la gestion des ressources publiques.

Sur le plan juridique, la résiliation de ces contrats soulève des questions quant à la légalité et aux procédures suivies dans la prise de telles décisions. Les entreprises affectées vont sans nul doute engager des actions en justice contre la SEEG ou l’État, alléguant des violations de contrat ou des dommages économiques. Cela va entraîner des pertes d’argent considérables et une série de litiges qui pourraient encombrer le système judiciaire gabonais. Enfin, cette situation pourrait également amener le Gouvernement à revoir les cadres réglementaires entourant les contrats de sous-traitance et la gestion des ressources publiques, afin de prévenir de telles situations à l’avenir. Mais l’idéal aurait été d’aménager ce cadre avant de provoquer des désagréments alors que le Gouvernement doit protéger les emplois et l’entrepreneuriat local. 

En somme, la décision de résilier les contrats de 2 600 entreprises de sous-traitance auprès de la SEEG par le Président de la Transition du Gabon soulève des inquiétudes multiples et complexes. Alors que les conséquences sociales, économiques, politiques et juridiques continuent de se développer, le Gabon se trouve à un carrefour crucial. La manière dont le gouvernement gérera cette transition sera déterminante pour l’avenir du pays, tant en termes de stabilité que de confiance du public envers les institutions. Les acteurs politiques, économiques et sociaux devront collaborer pour atténuer les impacts négatifs et assurer un avenir durable pour tous les Gabonais. 

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