Libreville, le 7 novembre 2024 – (Dépêches 241). Officiellement ouverte hier mercredi 6 novembre, la campagne électorale pour le futur référendum constitutionnel commence à livrer ses premiers enseignements. Farouchement opposé à la concentration des pouvoirs par un seul homme sous Ali Bongo Ondimba, Raymond Ndong Sima, Premier ministre de la Transition, appelle étrangement à voter en faveur du OUI aujourd’hui, pour une Constitution qui consacre encore plus de pouvoirs qu’hier à un seul individu. Une attitude aux antipodes des idéaux politiques qu’il défendait avec ardeur il y a tout juste un an.
« La principale raison pour laquelle notre pays marche la tête par terre et les pieds en l’air c’est que les pouvoirs ne sont pas équilibrés. Quand quelqu’un est capable de commander le Gouvernement, les députés, les sénateurs et la justice (…) ça veut dire que cette personne ne peut plus être contrôlée », ces propos de Raymond Ndong Sima résonnent encore au sein de l’opinion publique gabonaise, tant ils évoquaient encore avec justesse et exactitude la situation chaotique dans laquelle se trouvait le Gabon, avant le 30 août 2023.
Insistant sur la nécessité et l’importance d’opérer une séparation effective des pouvoirs pour la bonne marche du pays, il n’avait pas hésité à recourir aux us et coutumes des bantu, pour expliquer le danger d’une concentration accrue des pouvoirs au sein de l’appareil étatique. « Notre société est faite avec des forces de rappel qui permettent d’arrêter quelqu’un quand il dérape (…) mais si quelqu’un a, comme c’est le cas à l’heure actuelle, le pouvoir de commander l’administration, les députés et les sénateurs, les juges et les magistrats (…) il n’y aura pas équilibre des pouvoirs. Par conséquent, notre problème principal vient de ce qu’il n’existe pas d’équilibre des pouvoirs. Si on règle le problème d’équilibre des pouvoirs plus de la moitié des problèmes que nous avons seraient résolus », avait répété RNS.
Raymond Ndong Sima trahit ses idéaux politiques d’antan…
Au moment où vient de s’ouvrir la campagne électorale en vue du référendum constitutionnel du 16 novembre prochain, Raymond Ndong Sima avait le choix entre rester fidèle à ses aspirations d’hier et maintenir au sein de l’opinion la crédibilité et la sincérité de sa prétendue stature d’homme d’Etat qu’il a cultivée tout au long de sa carrière, ou, à l’inverse, les trahir en acceptant de mener la campagne en faveur du OUI, ) a la faveur d’une Constitution qui a fini d’achever quelques acquis démocratiques et qui consacre un homme cumulant encore plus de pouvoirs qu’hier.
L’actuel Premier ministre de la Transition a choisi la deuxième option, celle de la trahison de ses idéaux politiques d’hier. « Qu’on le veuille ou pas, cette Constitution a été la plus largement discutée par les populations », s’est-il contenté de dire pour justifier sa nouvelle posture et inciter les gabonaises et les gabonais à aller voter en faveur du OUI le 16 novembre prochain.