Référendum : « Non à une Constitution Chèque en Blanc », l’intégralité de la déclaration d’Hervé Patrick Opiangah 

Hervé Patrick Opiangah s’est rangé du côté Peuple en appelant à faire barrage contre une Constitution absolutiste ©Dépêches 241

Libreville, le 14 novembre 2024 – (Dépêches 241). Hervé Patrick Opiangah, président de l’UDIS s’est exprimé ce jour, par le biais d’une déclaration sur son positionnement et celui de son écurie politique par rapport au Référendum du 16 novembre prochain. Si son lien étroit avec le président de la Transition est connu de notoriété publique, c’est pourtant du côté du Peuple que s’est rangé celui qu’on appelle HPO en appelant à voter NON avec dignité contre une Constitution absolutiste visant à créer une présidence hors sol qui au finale va transgresser et violer le slogan républicain de l’Honneur et Fidélité à la Patrie. Nous publions in extenso l’intégralité de cette déclaration.

« Mesdames, Messieurs, chers compatriotes, 

J’ai l’immense responsabilité de prendre la parole, en qualité de Président de l’Union pour la Démocratie et l’Intégration Sociale (UDIS). C’est avec gravité qu’il me plaît de m’adresser à vous en ce jour. Il vous souviendra que le 30 mars 2024, à Libreville, à l’occasion de ma dernière sortie officielle, nous annoncions la création de la plate-forme VISION 2025, c’est-à-dire ce regroupement de 40 partis politiques, régulièrement constitués, dont le Président de l’UDIS est le coordinateur Général. 

Le choix de cette dénomination, VISION 2025, est un rappel au calendrier de la Transition Politique, dont l’ultime acte, annoncé le 04 septembre 2023 par Son Excellence le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, est la remise du pouvoir aux civils en août 2025, après l’organisation d’une élection présidentielle, libre, crédible et transparente. Les membres de cette plate-forme ont choisi de se prononcer séparément, en ce qui concerne le Projet de Constitution, soumis à référendum. 

Les militants de l’UDIS sont venus massivement écouter leur président ©Dépêches 241

Mesdames, Messieurs, chers compatriotes, 

L’heure est grave, l’heure est même très grave, du fait du sujet sur lequel nous sommes appelés à nous prononcer, en âme et conscience, ce 16 novembre, à savoir, le choix ou le rejet de ce texte, comme nouvelle CONSTITUTION, devant ainsi régir notre vivre ensemble, mais aussi la perception de notre pays dans le concert des Nations pour les décennies à venir. 

Comment pourrait se justifier cette campagne massive, précocement débutée, personnelle et tonitruante, pour le OUI, alors qu’il ne devrait s’agir que d’un plébiscite naturel par le peuple, et de sa supposée propre volonté, exprimée au Dialogue National dit inclusif, à travers ses 38.000 contributions. N’est-ce pas interpellant de penser devoir demander avec autant d’insistance au peuple, ce que le peuple aurait lui-même souhaité et formulé ? 

Nous pensons au sein de l’UDIS, que bien plus qu’une élection présidentielle, le OUI à ce référendum attacherait les Gabonais, présents et à venir. Notre vote mérite, avant de nous pencher pour le OUI ou le NON, d’avoir analysé, décortiqué, soupesé et scruté sans complaisance, sans légèreté, sans passion. Mais surtout avec rigueur, sincérité, responsabilité, respect de l’intelligence collective, et de nos précieux acquis démocratiques engrangés pas à pas, au prix fort, depuis notre indépendance. 

L’évènement du 30 août 2023, tout comme la Conférence Nationale de 1990, fait partie de ces pas, dont les fruits doivent être un acquis supplémentaire, vers davantage de démocratie et d’État de droit. En effet, cette nuit-là, des patriotes mus par la ferme volonté de préserver la dignité du Peuple Souverain, ont fait le choix courageux de déposer, sans effusion de sang, le Président Ali Bongo Ondimba en perte de contrôle manifeste. Ce coup d’État militaire a reçu une onction populaire sans commune mesure, lui valant d’ailleurs d’être dit : « Coup de la Libération ». 

Au moment d’offrir au peuple gabonais le premier fruit capital de cet acte, à savoir une nouvelle constitution,  un PACTE démocratique, voici donc le moment venu pour que le « Coup de la Libération » matérialise l’espérance placée en lui par le peuple gabonais. IL s’agit d’un moment clé où les actes doivent coller, tel un gant blanc, à la parole. Oui, chers compatriotes, le projet de constitution soumis à notre vote, doit permettre à chacune et à chacun de savoir s’il nous émancipe, ou s’il nous enferme pernicieusement dans une prison légale aux murs intangibles, de laquelle nous remettrions les clés, ce samedi 16 novembre 2024, à tout geôliers à élire à la prochaine présidentielle. 

Le NON du président de l’UDIS a reçu l’assentiment des militants ©Dépêches 241

Je voudrais à ce stade de mon propos, me permettre quelques mots à titre personnel : Excellence Monsieur le Président de la Transition, Mon Général, ce n’est pas ce qu’on s’est dit ! 

Mesdames et Messieurs les Parlementaires de la Transition, en quoi donc ont consistés vos 801 amendements ?  Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement de la Transition, est-ce bien cette pilule amère que vous avez décidé de servir à vos concitoyens, aux motifs que la plupart d’entre eux ne liront pas le texte ? « Mesdames et Messieurs les sages et dignitaires de la République, est-ce bien là un héritage digne de notre hymne nationale la Concorde ? « Mesdames et Messieurs des Forces de défense et de sécurité, jurez-vous que ce texte respire l’honneur et la fidélité à la Patrie ? 

Mesdames, Messieurs, chers compatriotes, 

Il est de notoriété publique que le pouvoir corrompt, et que le pouvoir absolu corrompt absolument. C’est bien fort de cela que Montesquieu nous dit, je cite : « Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ». Comme vous l’aurez compris, ce projet constitutionnel porte en lui, selon l’UDIS, des dispositions absolutistes, qui d’ailleurs ne manquent pas d’être pertinemment soulevées chaque jour, par de nombreux compatriotes engagés, courageux et soucieux d’éviter au peuple gabonais d’être remercié en monnaie de singe. 

La consécration d’un Président de la République quasiment de Droit Divin, est une inacceptable dérive pour notre pays. Il nous appartient de ne pas créer une Présidence de la République hors-sol, et de refuser d’établir un Parlement fantoche, car à travers sa CAPORALISATION, c’est aussi celle du peuple tout entier, comme le veut le Service Militaire obligatoire aux contours non définis. Concernant ce dernier point, comment allons-nous financer cet engagement, lorsque présentement, dans nos casernes, il manque dortoirs et cuisines, pour ne citer que cela ? 

Une constitution se doit d’être impersonnelle et intemporelle. La Loi fondamentale n’est pas le lieu d’amnistier qui que ce soit, et encore moins pour des crimes non identifiés. Est-il bien raisonnable de constitutionnaliser une date de coup d’État ? 

Un régime se caractérise par un système politique, des personnes pour l’animer selon des MÉTHODES définies, et avec des MOYENS concrets. Si l’on s’en tient à cette définition, que signifie aujourd’hui le terme de « régime déchu » ? 

L’UDIS soutient qu’un nouveau régime ne sera possible qu’à travers une nouvelle constitution, fidèle aux aspirations du peuple, et qui consacre un système politique avec des contre pouvoirs francs. De ce fait, nous exhortons les différentes coordinations de campagne, pour ce référendum, à ne pas faire preuve d’INGRATITUDE vis-à-vis du PEUPLE, voire vis-à-vis de tout prochain. 

Le 30 août 2023, c’était BON et nous avons applaudis. 

Ce qui nous est proposé pour le 16 novembre 2024, n’est pas BON, c’est pourquoi nous disons NON, NIET, KALI, ZÈLE, KOKO, MEBICHI, NESSI, MA’AMA, NGUEMBE. 

Si nous voulons la Constitution que nous méritons, alors mobilisons-nous pour un NON de dignité, un NON démocratique, un NON qui à lui seul signifiera qu’une page est belle et bien tournée en Terre bénie du Gabon. Votons NON pour rendre au PEUPLE LE POUVOIR.

À contrario, voter le OUI, c’est refuser de tourner la page. Voter le OUI, c’est refuser de transformer l’essai du 30 août 2023 au profit du peuple. Voter le Oui c’est nous, « éloigner de l’essor, vers la félicité. Nous pensons d’expérience au sein de l’UDIS, que les grands moments de l’histoire appellent de grandes équipes, pour de grandes décisions, animées par de grandes valeurs. 

Le professeur Guy Rossatanga-Rignaut, dans un ouvrage intitulé, Les grandes dates du Gabon, paru aux Editions Raponda Walker en 2015, dit ceci en page 179. « Le 20 mai 1960, par un vote à l’unanimité, l’Assemblée législative donnera au Gouvernement mandat pour mener les négociations devant conduire au transfert de compétences entre la France et le Gabon, transformant  l’État autonome en un État indépendant. 

En juillet 1960, commenceront, à Paris, les négociations entre les délégations française et gabonaise. La composition de cette dernière mérite d’être notée. En effet, plutôt que de constituer une délégation avec les chefs des partis politiques, Léon Mba fera un panache d’hommes politiques, d’autorités traditionnelles et de techniciens : le président de l’Assemblée, Paul Indjendjet-Gondijout, le ministre des Finances, AndréGustave Anguilè, le député du Haut-Ogoouée, Eugène Amogho, le Prince mpongwè Félix-Denis-Marie Adandé Rapotchombo, le prince ghisir Birinda de Boudieguy, Pierre Avaro, Jean Avéno-Davin, N’nah-Bié et Jean-Félix Mba.» 

Avez-vous l’impression que le processus qui a conduit à la rédaction du projet constitutionnel, soumis à notre approbation fortement recommandée, est conforme à la gravité et à la densité de nos pères fondateurs en 1960 ? 

NON ! NON à une « Constitution chèque en blanc ». 

Que Dieu bénisse et protège le Gabon »

Je vous remercie. 

Hervé-Patrick Opiangah, Président de l’Union Démocratique et de l’Intégration Sociale. 

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