
Libreville, le 17 janvier 2025 – (Dépêches 241). Les derniers rebondissements de la procédure qu’il est désormais commun d’appeler l’affaire Opiangah, mettent à son corps défendant, le Procureur de la République face à ses responsabilités. Dans un contexte où la justice est sans cesse pointée du doigt pour son absence d’impartialité et son instrumentalisation supposée, le dossier HPO au regard de son évolution met sans nul doute le Procureur de la République devant ses responsabilités, dont celle, en toute objectivité, de lever les charges contre Hervé Patrick Opiangah.
Robert Badinter, avocat, Professeur de droit et ministre de la Justice est une personnalité politique française qui s’est penchée sur la complexité du lien incestueux entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir executif. Le premier cité étant souvent aliéné et inféodé par le second ouvrant ainsi la porte à son instrumentalisation. C’est en cette occurrence que cet éminent juriste connu pour son acuité intellectuelle a rappelé l’inhérente obligation de l’indépendance de la justice. « Nous ne sommes pas juristes pour faire plaisir au Prince. Nous sommes juristes pour faire appliquer et affirmer la force du droit », disait-il.
Une procédure aussi insolite que paradoxale
C’est sans doute à l’épreuve de cette conception que la justice gabonaise et le Procureur de la République près du tribunal de 1ere instance de Libreville font face dans le dossier Hervé Patrick Opiangah, poursuivi depuis le 20 novembre dernier pour des faits supposés de viol et d’inceste. Une procédure pour le moins burlesque, initiée par deux plaignants. D’abord le supposé beau père de la victime et ensuite la mère de cette dernière, ex compagne de l’homme d’affaires qui avait du reste, reconnu sur procès verbal, que la victime n’a jamais fait l’objet d’attouchement ou de viol de la part de son ex compagnon.
La contre-attaque d’Elisabeth Opiangah Mengue qui prend à contre-pied le parquet de la République
Ces accusations aériennes et éthérées que le maître des poursuites a été incapable de déterminer, ni de prouver dans l’espace et dans le temps, Elisabeth Opiangah Mengue est venue les abbatre et les consumer par deux actions. D’abord par une interview pendant laquelle elle a battu en brèche toutes les allégations et accusations contre son père. Morceaux choisis ! « Lors des confrontations, j’ai clairement affirmé que les accusations portées contre mon père – attouchements, inceste, viol, séquestration – sont totalement infondées. Ces faits n’ont jamais existé, ni dans mon enfance, ni lorsque j’étais mineur ni à l’âge adulte, ni avant, ni maintenant », a-t-elle déclaré avant d’enfoncer le clou. « Mon père est innocent. Il n’y a ni délit, ni victime. Ces accusations sont donc infondées », a-t-elle soutenu.
Quelques jours plus tard, Elisabeth Opiangah Mengue, la supposée victime, va porter plainte avec constitution de partie civile contre un activiste afin « que sieur Landry Amiang Washington vienne répondre de ses actes avec ses éléments de preuve devant la justice », soutient-elle dans la plainte. À charge désormais pour le parquet d’initier la procédure contre l’accusé mais également de tirer les enseignements de cette action dans la procédure Hervé Patrick Opiangah.
Mais peut-il y avoir crime ou délit quand la victime désignée n’en est pas une ?
En droit pénal, par ailleurs, une infraction n’est constituée ou consommée que par la réunion de trois éléments. C’est ce que les pénalistes appellent un élément légal relatif au texte d’incrimination, un élément matériel qui se manifeste par la réalisation concrète des faits incriminés, et enfin l’élément moral qui se donne à lire par la conscience et connaissance du caractère prohibé de l’acte posé. En l’absence de l’un de ces éléments, le fait commis peut éventuellement choquer la morale, ou le droit civil : mais le droit pénal l’ignorera. Mieux, la victime dans le procès pénal est le personnage clé de la procédure.
L’information judiciaire pour le rappeler, est menée par le juge d’instruction et en droit, le juge instruit « à charge et à décharge ». Il procède ainsi à tout acte d’investigation qu’il estime utile à la manifestation de la vérité. À l’issue de l’information judiciaire, s’il n’existe pas de charges suffisantes à l’encontre de la personne, le juge d’instruction rend une ordonnance de non-lieu. En l’espèce, dans l’affaire Opiangah, la victime présumée a clairement indiqué après garde à vue, audition et interview que les faits allégués sont mensongers et inexistants. Pour porter l’estocade finale, elle s’est retournée par le biais d’une action récursoire contre les personnages clés de la procédure initiée contre elle et son père Hervé Patrick Opiangah.
Comme toutes les conceptions grotesques qui ne peuvent résister à l’épreuve de l’analyse, il est désormais acquis ou presque l’affaire Hervé Patrick Opiangah ne peut juridiquement prospérer, dès l’instant où la victime ne se reconnaît pas dans les faits invoqués. Si le Procureur de la République Bruno Obiang Mve s’est étendu sur l’affaire par le biais d’une communication, le principe du parallélisme des formes rend ce dernier débiteur de l’obligation d’utiliser les mêmes canaux pour informer l’opinion nationale et internationale sur l’épilogue de cette affaire, qui sauf instrumentalisation de la justice, devrait aboutir sur non-lieu, un abandon des charges et un retour de l’ancien ministre des mines dans son pays.
Concernant cette affaire:
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D’autres pensaient que cette époque était révolution mais ils seront étonnes de voir emmerger cette nouvelle forme !!