Instrumentalisation de la justice : Sans pudeur Gondjout demande la liste des magistrats grévistes

Paul Marie Goudjout aujourd’hui dans la peau de ceux qu’il a combattus ? © DR

Libreville, le 25 février 2025-(Dépêches 241). Dans une récente correspondance adressée aux Premiers Présidents des Cours, aux Procureurs, aux Présidents des Tribunaux et aux Commissaires Généraux à la loi, le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Paul-Marie Gondjout, demande sans détours, à ces responsables susmentionnés, la liste des magistrats grévistes dans leurs Juridictions respectives, d’ici le 27 février 2025. Une mesure qui laisse planer dans l’opinion l’idée que l’ancien opposant d’Ali Bongo, fervent défenseur des libertés syndicales autrefois, semble désormais vouloir museler tout mouvement de grève au sein du Département ministériel dont il a la charge.

Déjà accusé d’incompétence notoire par une partie de l’opinion et par le Syndicat National des Magistrats du Gabon (SYNAMAG), qui dans sa dernière déclaration avait par ailleurs condamné la volonté du Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, de torpiller leur mouvement de grève, via « la note n°0195/MJGS/SG/DGAA du 24 janvier 2025, par laquelle le Ministère de la Justice tente de contourner les dispositions légales sur la définition du service minimum », Paul-Marie Gondjout semble conforter les magistrats dans leurs soupçons.

Dans un courrier daté du 21 février dernier, l’ancien opposant invite les principaux responsables des différentes Juridictions du pays à lui fournir la liste nominative des magistrats qui observent la grève depuis quelques semaines. « Dans le cadre de la gestion du mouvement de grève déclenché par le Syndicat National des Magistrats du Gabon (SYNAMAG), je vous invite à me communiquer au plus tard le jeudi 27 février 2025, la liste des Magistrats grévistes au sein de vos Juridictions respectives », peut-on lire dans ledit courrier.

Une démarche qui interroge dans l’opinion, car menée par une personnalité qui se définissait encore il y a peu comme respectueuse de l’État de droit, de l’indépendance de la justice et des libertés syndicales. Sans prêter quelque intention que ce soit au gendre de Zacharie Myboto, l’opinion va scruter avec un intérêt nourri la suite de cette affaire qui, du reste, met en lumière l’éternel problématique de l’instrumentalisation de la justice au Gabon. En tentant de faire pression sur les Magistrats par des moyens dérobés, le Ministre de la Justice pourrait entrer en contradiction ouverte avec le vœu des autorités de la Transition de voir enfin émerger une justice véritablement libre et indépendante.

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