
Libreville, le 27 février 2025 – (Dépêches 241). Dans un discours prononcé lors de la cérémonie relative à l’interconnexion électrique entre le Gabon et la Guinée équatoriale, le Président Obiang Nguema s’est visiblement inscrit dans une logique irrévocablement malsaine, en prononçant une homélie obscurantiste arborant à la fois tribalisme, parce qu’il a, en toute conscience, choisi de le faire en langue FANG, et surtout parce que par son appel à voter le Président de la Transition, Brice Clotaire OLIGUI Nguema, il s’ingère sans dissimulation dans les affaires politiques internes du Gabon. Cela, au mépris total des coutumes et procédures qui encadrent les relations internationales et diplomatiques.
Depuis quelques jours l’opinion gabonaise est en ébullition. Et pour cause, lors de la cérémonie qui a scellé le contrat d’approvisionnement en électricité du Gabon par la Guinée-Équatoriale, le Président Équato-guinéen ne s’est guère embarrassé de prononcer un discours particulièrement clivant, foulant au pied toutes les règles en matière de diplomatie. En effet, alors que le Président de la Transition était en visite d’état en Guinée-Équatoriale pour la signature d’une convention d’électrification de la province du woleu-Ntem, et ainsi palier au problème de coupures intempestives de la SEEG, les gabonais ont été surpris de constater que le Président Obiang Nguema a choisi de faire son laïus en FANG, feignant ainsi d’ignorer que la Guinée Équatoriale comme le Gabon, sont des pays multi-ethniques, que le FANG n’est la langue officielle d’aucun des deux pays et encore moins une langue administrative.
Et pour couronner le tout, le vieux dirigeant Équato-guinéen, sans aucune retenue ni respect du peuple gabonais s’est rondement immiscé dans les affaires intérieures du Gabon, en recommandant au peuple gabonais de porter Brice Clotaire Oligui Nguema, Président de la Transition actuel au pinacle du Gabon, au soir du 12 avril prochain. Un scandale que refusent d’admettre les partisans du CTRI dont la gestion scabreuse se fait de plus en plus remarquer.
Cependant, quand on est un fin observateur de la vie politique du Gabon, et notamment depuis les événements du 30 août 2023, ce discours n’est pas totalement étranger à la manière dont l’État gabonais est gêné actuellement. Avec l’émergence des associations politiques à caractère clanique et ethnique comme qui promeuvent la domination d’une ethnie et de certaines familles sur le reste de la population. Le plus heurtant et honteux, c’est que non seulement le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema parraine ces structures associatives, malgré les risques de désintégration sociale qu’elles engendrent, mais également, depuis son retour au pays, il se mure dans un silence coupable qui témoigne d’une action consentie.
Une attitude qui en dit long sur la qualité des dirigeants actuels du pays et le poids diplomatique de plus en plus effritée du Gabon depuis l’avènement de la Transition. Mais au-delà, ce manque de poigne du Président de la Transition, alors qu’il est encore militaire, illustre surtout son incapacité à peser vis-à -vis de ses homologues et imposer la vision du Gabon à l’international. D’autant que ni sous Omar Bongo, où la diplomatie gabonaise rayonnait à son paroxysme, ni sous Ali Bongo où elle avait presque touché le fond, jamais un Président, encore moins celui de la Guinée-Équatoriale, ne se serait permis une ingérence aussi criarde. Ce qui donne l’impression qu’avec Ali Bongo à la tête du Gabon on aura tout vu et tout entendu, mais avec le CTRI et son Chef de file, le Gabon semble côtoyer quotidiennement le pire, sous le regard intéressé des hommes d’expérience d’Omar Bongo revenus aux affaires.
Quoi qu’il en soit, nous espérons que cette immixtion non condamnée dans la politique interne du Gabon par le Président de la République de Guinée-Équatoriale, n’a été qu’une erreur ou un égarement de plus dû à l’âge très avancé de l’un des plus vieux dirigeants du continent, et qu’en raison de cela, le Président de la Transition du Gabon, par respect de son âge et au regard de l’importance de la circonstance, a jugé moins grave les propos de l’ hôte qui devrait désormais fournir en énergie suffisante de l’électricité au septentrion. Son silence, quoique trop fréquent sur les problèmes du pays, justifierait ainsi sa volonté à éviter un incident diplomatique qui n’aurait pas lieu d’être entre pays voisins.