
Libreville, le 3 avril 2025 – (Dépêches 241). Le projet de société du candidat Brice Clotaire Oligui Nguema place la réforme institutionnelle au cœur de ses priorités. Dans un contexte où l’efficacité et la stabilité de l’État sont au centre des préoccupations, il déclare : « Il est impératif de moderniser les institutions pour renforcer la stabilité et l’efficacité de l’État ». Pourtant, malgré des intentions claires, la question de la transparence reste un enjeu majeur. Moderniser les institutions pour une meilleure gestion des affaires publiques implique des processus de gouvernance ouverts et des réformes véritables. Mais, le manque de visibilité sur la gestion des fonds publics, notamment ceux alloués à des projets de grande envergure, soulève des interrogations légitimes.
La décentralisation, qui devrait permettre une répartition plus équitable des compétences, semble pourtant se heurter à des obstacles réels. Le projet propose une « révision des lois fondamentales et un contrôle plus strict des mandats publics » , mais une telle révision pourrait-elle réellement garantir un contrôle efficace dans un environnement marqué par des dérives comme celles observées avec le CTRI et la gestion des 220 milliards de FCFA alloués en 2024 ? La question demeure : quels projets ont réellement été financés avec ces fonds, et qui en a bénéficié concrètement ? « L’objectif est de garantir une gestion plus rationnelle et équilibrée des pouvoirs », mais sans mécanismes de contrôle renforcés et une véritable transparence, cette gestion pourrait rester théorique.
Un autre axe du projet du candidat est la modernisation des infrastructures, notamment à travers le réseau routier, avec l’intention de « stimuler les échanges et renforcer l’attractivité du territoire ». Toutefois, la gestion des précédentes infrastructures, comme celles liées à des entreprises telles qu’Ebomaf, soulève des interrogations. En dépit des milliards investis dans ces projets, la question du retour sur investissement et de l’efficacité réelle des travaux financés reste floue. Le manque de transparence concernant ces partenariats public-privé empêche les citoyens de juger de leur impact réel sur l’économie du pays.
Un aspect crucial de cette réforme repose sur la gestion des services publics, notamment l’accès à l’eau et à l’électricité, dans un pays où de nombreuses régions rurales sont encore privées de ces services essentiels. Brice Clotaire Oligui Nguema déclare : « Chaque citoyen doit pouvoir bénéficier de ces services de base sans difficulté ». Mais alors que le projet évoque des investissements massifs dans la construction d’infrastructures pour améliorer l’accès à ces ressources, une question fondamentale persiste : la gouvernance de ces projets sera-t-elle réellement transparente et efficace? À l’heure actuelle, les citoyens peinent à obtenir des informations claires sur l’impact des investissements passés.
Le projet propose en outre des réformes dans les secteurs de l’énergie, mettant l’accent sur l’exploitation des ressources locales et la promotion des énergies renouvelables. Cependant, la gestion de ces projets n’a pas été épargnée par des doutes sur la gestion des fonds alloués. « Nous devons tirer profit de nos ressources naturelles pour garantir une autonomie énergétique durable », affirme le candidat. Mais l’histoire des contrats comme ceux signés avec Karpowership et les conditions de financement restent floues. Dans un contexte où des milliards sont en jeu, l’absence d’informations détaillées sur ces projets empêche de déterminer leur efficacité et leur transparence.
Enfin, la participation citoyenne reste un point central de ce projet. Le candidat indique : « Une démocratie ne peut être réelle sans l’implication active de ses citoyens ». Des plateformes interactives et des consultations publiques sont promises pour renforcer ce dialogue. Cependant, le scepticisme demeure quant à l’efficacité de ces outils face à un système où les informations restent souvent confinées dans des cercles restreints.
Les Gabonais continuent de s’interroger sur l’usage réel des fonds publics et la place de la transparence dans la gestion des affaires publiques. La promesse d’un État moderne et efficace semble, à ce jour, dépendre d’une volonté sincère de rendre des comptes.