28 milliards de FCFA des rappels des retraités: quand Pierre Mintsa travestit par «lèche-bottisme» une dette publique en « offrande présidentielle »

La sortie indigne, courtisane et servile du Syndicalise Pierre Mintsa a choqué l’opinion © DR

Libreville, le 7 avril 2025 – (Dépêches 241). Lors d’une réunion syndicale récemment tenue, Pierre Mintsa, président de la très sonore « Machette Syndicale des Travailleurs Gabonais », a livré une déclaration pour le moins sidérante : selon lui, « les 28 milliards de FCFA versés aux retraités ne figuraient nulle part dans la loi de finances ; c’était un don personnel du président Oligui Nguéma ». Une sortie dangereuse, qui jette une lumière crue sur les dérives de langage et de gouvernance qui gangrènent le discours public au Gabon.

Il est une chose sur laquelle tout le monde ou presque peut s’accorder aujourd’hui, c’est la courtisanerie et la bouffonnerie politique dans laquelle se vautrent ces syndicalistes et autres acteurs de la société civile, désireux de se faire remarquer par le favori aux élections présidentielles, Brice Clotaire Oligui Nguema. Ces derniers s’accomodent désormais du ridicule et de la bêtise qui sous tendent leur discours. Après Geoffroy Foumboula Libeka et ses simagrées, c’est au tour de Pierre Mintsa, un leader syndicale dont on pensait que les valeurs était plus noble de simple appel du ventre de s’offrir au discrédit en affirmant que les 28 milliards versés aux retraités à titre de rappel était un don personnel du Général-Président.

Confusion entre argent publics, fond privé et Culte de la Personnalité 

Car enfin, présenter le paiement partiel des rappels de pension comme un acte de charité présidentielle revient à nier le fondement même de l’État de droit : le respect des obligations de l’administration envers ses anciens agents. En novembre 2024, le gouvernement annonçait pourtant en grande pompe le déblocage de 36,1 milliards de FCFA pour solder une partie de cette dette sociale due à 37 139 retraités. Il s’agissait d’un engagement formel de l’État. Mais pour Pierre Mintsa, cette opération relèverait d’un geste de bienveillance personnelle, comme si les finances publiques n’étaient qu’un chéquier privé entre les mains d’un homme providentiel.

La question devient alors plus grave encore : si les propos du syndicaliste sont exacts, cela impliquerait que le chef de l’État dispose, à titre personnel, de dizaines de milliards à injecter dans les caisses de la CNAMGS ou du Trésor public. Ce qui soulèverait des interrogations vertigineuses sur l’origine et la transparence du patrimoine présidentiel. Et s’il s’agit, au contraire, d’un simple mensonge par flagornerie, alors M. Mintsa participe sciemment à la confusion entre argent public et culte du chef.

Pire encore, ce paiement – soi-disant providentiel – n’a pas été exempt de critiques. De nombreux syndicats, notamment le SENA, ont dénoncé l’opacité des critères de sélection, des listes de bénéficiaires bricolées à la va-vite, et une opération de communication politique bien plus qu’un véritable redressement social. Des milliers de fonctionnaires attendent encore leur dû, sans explication, pendant que certains s’emploient à distribuer les lauriers d’un prétendu « don présidentiel ».

En cautionnant une telle narration, Pierre Mintsa ne défend ni les retraités, ni la justice sociale. Il contribue au contraire à entretenir une culture politique toxique, où les droits deviennent des faveurs, et où l’État se confond avec la personne du chef. Dans une République digne de ce nom, les retraités ne doivent rien à la magnanimité du pouvoir – ils perçoivent ce que l’État leur doit, tout simplement.

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