Paiement des rappels de solde: une mise en œuvre qui soulève des interrogations sur la stratégie gouvernementale

Certains fonctionnaires sont insatisfaits du déroulement du paiement des rappels soldes © DR

Libreville, le 13 avril 2025 – (Dépêches 241). Le gouvernement gabonais a officiellement lancé le paiement des rappels de solde pour les agents publics, une promesse tant attendue qui a été saluée par certains comme un signe d’engagement envers le personnel de l’État. Ce paiement, qui concerne les agents en activité ainsi que les retraités et ayants droit, se fait sous deux modalités distinctes : par virement bancaire pour les actifs, et par bons de caisse pour les retraités, à retirer physiquement dans les services du Trésor. Cette opération, censée répondre à une demande légitime des agents publics, a toutefois été entachée par de nombreux dysfonctionnements sur le terrain, créant frustration et mécontentement. 

En dépit de l’annonce officielle, des problèmes importants ont été rapportés dans plusieurs centres de paiement : retards dans les versements, désorganisation dans les lieux de distribution, et une affluence désordonnée de bénéficiaires ont généré des tensions parmi les intéressés. Un incident particulièrement marquant a été la vidéo, largement diffusée sur les réseaux sociaux, où des réclamants, visiblement frustrés, scandaient: « Donnez-nous nos rappels, sinon on vote Bilie By Nze ». Ce cri du cœur des citoyens est révélateur de l’intensité du mécontentement populaire face à une opération qui semble manquer d’une préparation adéquate. 

L’un des éléments les plus frappants de cette situation est l’apparente gestion de crise à court terme de l’exécutif. Alors que la question des rappels de solde aurait dû faire l’objet d’une planification rigoureuse et de mesures organisationnelles adaptées, le gouvernement semble privilégier des solutions réactives, voire populistes, qui laissent place à des incohérences et à des tensions sur le terrain. Ce type d’approche, qui vise à répondre à des demandes immédiates sans véritable stratégie de long terme, renforce l’impression d’un pouvoir qui agit davantage sous la pression des circonstances que dans une logique de développement durable et de réforme institutionnelle. 

Il est légitime de s’interroger sur la vision du gouvernement face à de tels défis. En choisissant de se focaliser sur des solutions ponctuelles comme les rappels de solde sans anticiper correctement les enjeux organisationnels et logistiques, l’exécutif semble ignorer l’importance de mettre en place des réformes structurelles qui résoudraient les problèmes à la racine. Pourquoi continuer à répondre à des attentes urgentes par des mesures d’urgence qui finissent par décevoir, au lieu de structurer des actions à long terme visant à améliorer de manière durable le système administratif et la gestion des finances publiques ?

La stratégie gouvernementale actuelle s’apparente donc à une gestion en surface, sans remise en question des causes profondes des problèmes qui touchent la fonction publique gabonaise. Ce recours à des solutions à court terme et à la « politique de l’urgence » peut offrir un répit momentané, mais il ne semble pas répondre aux attentes d’une population qui, de plus en plus, exige des réformes substantielles, transparentes et efficaces. Il est peut-être temps pour le président élu et son nouveau gouvernement de repenser sa méthode et de passer d’une gestion réactive à une gestion proactive de l’État, en plaçant la réforme du système public au cœur de son action. 

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