
Libreville, le 28 avril 2025-(Dépêches 241). Les fraudes massives lors des concours d’entrée aux grandes écoles de l’État semblent devenir monnaie courante. Le dernier en date: celui de l’École Nationale d’Administration (ENA), à l’issue duquel plusieurs centaines de candidats auraient été déclarés admis frauduleusement, au détriment des plus méritants. Ces derniers ont entrepris plusieurs démarches administratives avant d’entamer une grève de la faim, depuis plusieurs mois, devant l’Assemblée nationale, afin d’obtenir justice. Depuis lors, toutes les administrations concernées sont restées inexplicablement silencieuses, notamment le Gouvernement et le Président Brice Clotaire Oligui Nguema, qui semblent considérer la situation de ces jeunes Gabonais comme un non-événement.
Plusieurs mois après avoir entamé leur grève de la faim devant la représentation nationale, aucune administration ni autorité de l’État ne semble vouloir donner une issue au cri de détresse de ces jeunes Gabonais lésés lors du dernier concours de l’ENA. Après avoir entrepris des démarches auprès des services compétents, notamment le Ministère de la Fonction publique qui a organisé le concours, la Primature, l’Assemblée nationale et même le Conseil d’État, sans obtenir de réponse, ils ont décidé, en dernier recours, d’entrer en grève de la faim devant l’Assemblée nationale. Malheureusement, le Gouvernement demeure sourd, muet et insensible à leur détresse.
Même le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, porté haut par la jeunesse gabonaise lors du scrutin présidentiel dans l’espoir qu’il trouve des solutions à leurs problèmes, n’ose pas intervenir. Il semble visiblement s’être accommodé des pratiques du régime déchu contre lesquelles il avait pourtant affirmé vouloir lutter. D’autant plus que les fraudes dénoncées ne relèvent pas seulement du domaine de l’imagination de ces jeunes Gabonais laissés sur le trottoir par l’État, mais sont bel et bien établies par un constat d’huissier, qui certifie que parmi les admis à ce concours, 215 l’auraient été sur des bases irrégulières. Ce qui conforte leur démarche.
Cependant, mis devant le fait accompli par le Gouvernement et toutes les administrations publiques auprès desquelles ils ont engagé des démarches, ce groupe de jeunes grévistes demeure ouvert au dialogue et propose également des solutions pour tenter de trouver une issue favorable à ce problème. Dans ce sens, et avec une attitude de conciliation, leur porte-parole suggère au Gouvernement et aux administrations concernées, quelques pistes de solution: « nous demandons réparation au Gouvernement, la réparation qui consisterait à admettre exceptionnellement notre effectif à l’ENA, même si ça nous gênerait de nous mettre à côté des tricheurs, nous allons faire la concession pour la circonstance », a-t-il déclaré.
Il ajoute, en vue d’éviter que de telles situations ne se reproduisent à l’avenir et pour améliorer l’organisation des concours: « Nous savons que nous sommes sur un fait accompli, le concours a eu lieu, mais nous pensons qu’avec la cinquième République qui se met en place, il est nécessaire que des personnes soient identifiées et sévèrement sanctionnées. Nous avons entendu le Chef de l’État encore le rappeler lors de son passage à l’émission un candidat, un projet. Il a dit: pour donner de la force aux institutions, il faudrait renforcer la sévérité des sanctions. Donc nous attendons que des sanctions fortes soient prises contre des personnes qui ont participé à cette forfaiture », a-t-il conclu. Un rappel fort de sens, si tant est que le Chef de l’État ambitionne vraiment de mettre un frein à ces pratiques.
Cela étant, gageons d’espérer que le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, qui prêtera serment le 3 mai prochain, et vers qui tous les regards sont tournés pour qu’il trouve une solution définitive à cette situation, saura faire le nécessaire. Car dans la cinquième République, il ne saurait plus être question que les pratiques naguère décriées sous le magistère d’Ali Bongo Ondimba connaissent leur résurrection pendant les sept ans à venir.