
Libreville, le 14 avril 2025 – (Dépêches 241). Le scrutin présidentiel du 12 avril dernier a livré ses premiers résultats. Et de ce qu’il en sort, le Président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguema, l’aurait emporté à hauteur de 90,35% au détriment d’Alain Claude Bilie-By-Nze, le dernier Premier ministre d’Ali Bongo Ondimba qui essuie un échec cuisant en n’obtenant que 3,09% des suffrages. Un score électoral à la soviétique qui devrait éteindre toute velléité de contestation et même de recours devant la Cour constitutionnelle. Dès lors, on peut légitimement se demander si cet échec n’est pas le résultat d’un empressement du natif de Makokou.
De nombreux indices font la démonstration de ce que le cuisant échec d’Alain Claude Bilie-By-Nze à l’élection présidentielle qui vient de prendre fin sont le fruit d’un empressement. D’autant que selon certaines indiscrétions, quoique le CTRI et son chef avaient déjà montré certaines limites dans la gestion des affaires publiques, le moment n’était pas bien choisi pour Bilie-By-Nze de se prévaloir d’une légitimité certaine pouvant le conduire au fauteuil présidentiel. Il aurait donc dû mûrir davantage son idée avant de se lancer dans la course.
De plus, il aurait dû être conscient de ce qu’une frange de la population gabonaise n’a jusque-là pas encore digéré ce que certains qualifient d’arrogance et du mensonge supposé dont il faisait montre quand il était au Gouvernement. Les gabonais lui en veulent, d’autres le haïssent, au point où, malgré la qualité incontestable de son discours et de son projet de société, ils ont choisi parfois avec émotion de soutenir Oligui Nguema, quoique soutenu également par les PDGistes, leurs bourreaux d’hier. Ainsi, ni ses excuses, ni son chemin de Damas n’ont été suffisants pour apaiser le cœur des Gabonais qui le considèrent à tort comme le principal et unique visage de la gouvernance avilissante des 14 ans de magistère d’Ali Bongo Ondimba. C’est donc de cette façon que de nombreux gabonais ont décidé de prendre leur revanche sur ACBBN. En réalité, ce vote n’est pas tant un plébiscite pour Brice Oligui Nguema mais un vote sanction contre Bilie-By-Nze dont l’image est beaucoup trop et injustement accolée de 2016.
Semer les graines pour l’avenir…
Et comme tel, ce passage à vide pourrait lui permettre de se remémorer la pauvreté et les conditions précaires dans lesquelles vivent ses concitoyens, touché de ses propres doigts ce qu’il a semblé oublier alors qu’il était aux affaires, à l’effet de se prémunir d’un projet de transformation radicale du pays et la société gabonaise, basé sur les réalités vécues et une conviction certaine. Mieux, cet échec politique, au regard des ambitions que nourrit Alain Claude Bilie-By-Nze, pourrait être exploité comme une sorte de tremplin qui lui permettrait de semer de la graine, à la fois pour les élections législatives et locales à venir, mais surtout pour la prochaine présidentielle qui aura lieu dans 7 ans. Au lieu de se morfondre sur ce qui pourrait être un raté, le nouvel homme fort de l’opposition gabonaise devrait profiter de ce temps pour tenter de soigner, du mieux que possible, son image à l’endroit des gabonais.
C’est donc, à n’en point douter, une occasion qui lui est offerte pour se racheter. Il aurait ainsi durant ce temps la possibilité de scruter et d’exploiter la moindre faille du Président Oligui Nguema. Peaufiner et améliorer si possible son projet de société, parcourir le Gabon de fond en comble, à l’effet de recueillir la moindre information. Et surtout, il devra d’avantage mettre en œuvre son intelligence politique et les moyens dont il dispose au service de mécanismes viables qui lui permettront d’être le plus proche possible des populations.