Programme de C’BON sur les Infrastructures: entre promesses de modernisation et réalités oubliées

Les infrastructures routières un des piliers du projet de société de Président-Candidat © DR

Libreville, le 4 avril 2025 – (Dépêches 241). Le programme de Brice Clotaire Oligui Nguema en matière d’infrastructures routières a pour ambition de transformer le paysage du pays en stimulant les échanges et en renforçant l’attractivité du territoire. « Le pays doit se doter d’un réseau routier fiable et performant pour stimuler les échanges et renforcer l’attractivité du territoire », a-t-il affirmé. Cependant, la question qui se pose aujourd’hui est de savoir si cette ambition se traduira concrètement sur le terrain, notamment lorsqu’on observe le contraste entre les déclarations d’investissements massifs et les projets qui peinent à se concrétiser.

Le candidat-Président actuellement en campagne a fièrement annoncé avoir fait construire 1950 km de routes, mais les Gabonais ne semblent pas voir les fruits et la matérialisation de ces investissements. Si des portions de routes ont effectivement été réalisées, on peut légitimement émettre des réserves sur leur état et leur visibilité. Où sont réellement passées ces routes et qui en bénéficie ? « Nos routes souffrent d’un manque d’entretien et d’un vieillissement accéléré qui nuisent aux déplacements et à la compétitivité de nos entreprises », évoque Oligui Nguema dans son programme, mais comment croire à une transformation durable si, après ces 1950 km de construction, des portions de routes sont toujours impraticables ou abandonnées avant même d’être achevées ? Les Gabonais sont légitimement en droit de se demander si les investissements ont été utilisés efficacement et si ces projets ont bien répondu aux besoins réels des populations.

Plus étonnant encore, alors que la modernisation des infrastructures reste une priorité, le projet du gouvernement prévoit la réalisation d’un seul axe majeur reliant Lembamba à Mbigou, Malinga et Molo sur une distance de seulement 270 km, pour une durée de 6 ans. Un tel projet qui théoriquement peut être menés dans des délais 

bien plus courts, ne fait qu’alimenter des inquiétudes auprès d’une certaine opinion. Comment expliquer qu’un réseau de 270 km, soit à peine plus d’une liaison régionale, prenne autant de temps et de ressources ? N’est-ce pas là une preuve de l’incapacité à accélérer les processus nécessaires, en particulier dans un contexte où la modernisation des infrastructures devrait être une priorité et un catalyseur pour l’essor économique du pays ?

La question de la gouvernance de ces projets se pose également. « Il est essentiel que ces projets soient menés avec rigueur et transparence, sans surcoût ni retard excessif » , affirme le programme. Pourtant, les précédents projets d’infrastructures, souvent menés dans des conditions opaques ou sans suivi rigoureux, laissent place à des doutes. L’expérience passée ne montre-t-elle pas que de nombreux projets de grande envergure, financés à coups de milliards, ont vu leurs coûts exploser et leurs délais s’allonger ? Les promesses d’une gestion rigoureuse et transparente semblent bien fragiles face à une réalité où les retards et les dépassements de coûts sont généralement la norme.

En parallèle, la gestion des travaux actuels semble par ailleurs se heurter à des obstacles bureaucratiques et techniques. Le programme évoque l’introduction de « nouveaux matériaux résistants et de systèmes intelligents de gestion du trafic ». Mais dans quelle mesure ces innovations seront-elles réellement intégrées sur le terrain ? Les promesses sont-elles fondées sur des solutions adaptées aux défis actuels ou risquent-elles de se heurter à des contraintes d’implémentation, à une mauvaise gestion ou à un manque de préparation en amont ?

Finalement, la gestion des infrastructures routières, qui devrait être l’un des leviers de développement du Gabon, semble toujours enfermée dans un cercle vicieux de promesses non tenues et de projets interminables. Les Gabonais continuent de se demander si ces annonces d’investissements et de modernisation se concrétiseront réellement, ou si elles ne resteront que des discours politiques destinés à satisfaire une opinion publique toujours plus impatiente. La transparence dans l’allocation des ressources et l’efficacité dans la réalisation des projets demeurent les véritables défis auxquels le gouvernement devra faire face pour restaurer la confiance des citoyens. 

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