
Libreville, le 7 avril 2025 – (Dépêches 241). L’attribution du marché de l’aéroport international d’Andem marque un tournant dans la gestion des grands projets au Gabon. Alors que GSEZ, ancien bras armé d’Olam, dominait jusqu’ici les infrastructures stratégiques du pays, le groupe burkinabè Ebomaf semble désormais prendre le relais. Le 28 mars dernier, le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguéma, a officiellement lancé les travaux de ce nouvel aéroport, confié sans réelle concurrence à Ebomaf, déjà bien implantée dans les marchés publics gabonais.
À l’image d’Olam, devenue GSEZ puis Arise pour masquer son emprise sur l’économie nationale, Ebomaf s’impose discrètement mais sûrement comme la nouvelle entreprise privilégiée de l’exécutif. En l’espace de quelques années, le géant burkinabè a raflé plusieurs contrats majeurs : la construction et la réhabilitation de routes, le rachat de la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII), et désormais l’aéroport d’Andem. Une expansion fulgurante qui s’opère sans réelle mise en concurrence, posant la question de l’équité dans l’attribution des marchés publics.
Cette domination croissante soulève également des inquiétudes sur la capacité d’Ebomaf à mener de front autant de projets d’envergure. L’entreprise a-t-elle réellement les moyens techniques et humains pour gérer simultanément des chantiers aussi complexes ? Entre les infrastructures routières, le transport maritime et désormais le secteur aérien, le risque de dispersion et de retards devient un enjeu majeur. Si ces projets venaient à accumuler des contretemps, l’exécutif pourrait être critiqué pour avoir misé sur un seul acteur sans garanties suffisantes.

Mais au-delà de la question de l’efficacité, c’est surtout l’avenir du BTP gabonais qui est en jeu. En concentrant les plus gros contrats dans les mains d’une seule entreprise étrangère, le pouvoir actuel fragilise les acteurs locaux du secteur. Les entreprises gabonaises du BTP, déjà en difficulté face à la concurrence internationale, risquent d’être écartées des grands chantiers, réduisant ainsi leurs perspectives de croissance et de création d’emplois.
Une réalité aux antipodes de la volonté annoncée par le CTRI dès son arrivée au pouvoir qui indiqué mettre en place pour que les Gabonais se réapproprient leur économie. 18 mois après, c’est tout le contraire, tout comme GZES, le Burkinabè Ebomaf, sans appel d’offre, truste tous les projets et tous les contrats au grand dame des entreprises Gabonaises une énième grugées sur l’autel des promesses non tenues.
Un privilège qui tout naturellement invite au questionnement. Ebomaf est-elle en passe de devenir le nouvel Olam du Gabon ? Si la comparaison peut sembler osée, la dynamique en cours rappelle les mécanismes ayant permis à certains groupes de s’accaparer des pans entiers de l’économie nationale. Pour l’instant, l’exécutif semble voir en Ebomaf un partenaire de confiance. Mais à long terme, cette dépendance pourrait coûter cher au pays, tant en termes de souveraineté économique que de compétitivité de ses entreprises locales.
Mais il faut aussi laisser un peu de terrain aux jeunes compatriotes qui essaient de se lancer dans monde de l’entrepreneuriat, offrir même des petits marchés a celà quand bien même Ebomaf soit le poumon.