Libreville, le 05 mai – (Dépêches 241). Alors que l’annonce du nouveau Gouvernement continuait de se faire attendre, le Secrétaire Général de la Présidence de la République, le Pr Guy Rossatanga Rignault, est apparu à la télévision nationale, afin de décliner le nom du premier Vice-président de la Ve République, en la personne de Séraphin Moundounga. Une nomination certes anticipée par de nombreux observateurs politiques, mais qui semble rappeler à bien des égards, la géopolitique Omarienne qui a longtemps réservé ce poste aux personnes originaires du Grand Sud, principalement au groupe ethnolinguistique Punu.
Héritier revendiqué et assumé de feu Omar Bongo Ondimba, le nouveau Président de la République, Chef de l’État, Chef du Gouvernement, Brice Clotaire Oligui Nguema, n’a pas tardé à donner le ton. Le 14 avril dernier, dans un discours adressé à ses collaborateurs du Palais Rénovation au lendemain de son élection, il lançait ce qui suit: « personne ne peut m’obliger à enlever les anciens visages ou à faire venir des jeunes », avait-il déclaré. Des déclarations qui faisaient suite à des nombreuses récriminations des populations, sur le maintien à ses côtés des visages des anciens régimes ainsi que des pratiques de gouvernance décriées depuis feu Omar Bongo Ondimba, jusqu’à son successeur de fils, Ali Bongo Ondimba.
Pour justifier le maintien de certaines personnalités ayant appartenu aux régimes d’Omar Bongo Ondimba, ainsi que de nombreuses pratiques de gouvernance importées des anciens régimes, Brice Clotaire Oligui Nguema s’expliquait en ces termes: « on me dit que je suis souvent avec les anciens. Mais c’est parce qu’ils ont un parcours, ils ont des CV qui parlent pour eux », avait-il expliqué la présence inflationniste des visages des régimes précédents à ses côtés. Et de continuer: « Mon prédécesseur a chassé tous les vieux pour travailler avec les jeunes. Qu’est-ce que ça a donné ? », avait-il conclu son propos.
Aujourd’hui encore, sa volonté d’imiter son ancien patron vient de conduire Brice Clotaire Oligui Nguema, à demeurer fidèle aux souvenirs de la géopolitique version Omarienne: réserver le poste de Vice-président de la République au groupe ethnolinguistique Punu. Après Didjob Divungui-Di- Ndingue, resté de mai 1997 à octobre 2009, puis Pierre Claver Maganga Moussavou du 21 août 2017 au 21 mai 2019, voici que le poste de Vice-président revient à nouveau à une personnalité du Grand Sud. Si les deux premiers sont originaires de la Ngounié, le nouveau promu, lui, est de la Nyanga, la cinquième province du pays.
En plus du poste de Vice-président de la République, ce retour de la géopolitique version Omarienne se donne également à voir dans le poste de Vice-président, Chef du Gouvernement, anciennement Premier Ministre. En effet, après avoir été ballotté par Ali Bongo pendant son règne, le poste correspondant à celui de premier des ministres est de retour dans la province abritant la capitale politique et administrative du pays, à travers la nomination, il y a quelques heures, d’Alexandre Barro Chambrier au poste de Vice-président, chargé de l’action gouvernementale.
Je partage le point de vue du président de la République. Un village ne peut pas être dirigé sans les anciens du village. Nous sommes avant tout les banques. Je sais très bien que notre président n’a jamais oublié la jeunesse.