
Libreville, le 5 juin 2025 – (Dépêches 241). Le Conseil des ministres a entériné ce mercredi 4 juin 2025, la nomination des banques d’affaires Rothschild & Cie et Algest comme conseillers stratégiques et financiers de la République Gabonaise. Ces institutions accompagneront le Gouvernement dans la définition de sa stratégie économique, la mobilisation des ressources pour le programme national de croissance, les négociations avec les bailleurs internationaux, ainsi que dans la coordination des actions liées à la relance économique.
Cette décision soulève à bien des égards plusieurs inquiétudes quant à la souveraineté économique du Gabon. Rothschild & Cie, bien que réputée pour son expertise financière, a été impliquée dans des controverses en Afrique. Au Cameroun, par exemple, la banque a été accusée de favoriser des investisseurs étrangers lors de la vente de parts de la CBC Bank, suscitant des critiques sur une possible sous-évaluation de l’actif national et une marginalisation des repreneurs locaux.
De plus, le rôle de Rothschild dans des opérations financières complexes et parfois opaques alimente les craintes d’une perte de contrôle sur les décisions économiques nationales. La banque a été associée à des restructurations de dettes et à des privatisations dans plusieurs pays, souvent au détriment des intérêts locaux. Dans un contexte où le Gabon cherche à renforcer sa souveraineté économique, cette collaboration avec Rothschild & Cie pourrait être perçue comme un pas en arrière.
Ce choix interroge. Comment un État qui revendique sa souveraineté économique, multiplie les discours sur « le Gabon d’abord », et proclame vouloir mettre fin à la dépendance extérieure, peut-il confier ses orientations financières à des cabinets privés internationaux ? Rothschild n’est pas n’importe quelle enseigne : c’est l’un des bras armés les plus influents de la finance mondiale, spécialisé dans les restructurations, les privatisations et les réajustements douloureux. Le symbole est fort. Et pas nécessairement rassurant.
Il est crucial que le Gouvernement gabonais assure une transparence totale dans cette collaboration et mette en place des mécanismes de contrôle rigoureux pour garantir que les intérêts nationaux priment sur les considérations externes. Sans cela, le risque est grand de voir les décisions économiques du pays influencées, voire dictées, par des acteurs étrangers, compromettant ainsi les aspirations à une véritable autonomie économique.