
Libreville, le 12 mai 2025 – (Dépêches 241). L’instabilité au sein du Parti Démocratique Gabonais (PDG) semble vouloir s’installer durablement. C’est ce que laisse penser la vague de démissions à laquelle ce parti fait face ces derniers jours, notamment parmi ses cadres originaires de la province du Woleu-Ntem. Ces démissions collectives, en totale contradiction avec le règlement intérieur du parti, seraient motivées par un opportunisme éhonté et une inconstance répugnante, révélatrices de l’absence de conviction politique qui caractérise une large part de la classe politique gabonaise.
Le coup d’État du 30 août 2023 a profondément marqué les esprits des militants du PDG, en particulier ceux de sa direction, désormais en proie à une crise sans précédent. Après la nomination, jugée illégale, de son nouveau président, ayant entraîné la division du parti en deux factions, ce sont aujourd’hui plusieurs de ses cadres influents, issus du septentrion, qui choisissent de quitter le navire. Une décision lourde de conséquences politiques, susceptible d’avoir un impact irréversible sur l’avenir du PDG, et qui traduit le profond malaise ou la frustration ressentie par certains militants depuis la chute de leur « Distingué Camarade Président » (DCP), Ali Bongo Ondimba.
Malgré la fragile sérénité affichée lors de la campagne présidentielle d’avril dernier, celle-ci n’était en réalité que l’arbre qui cache la forêt. Le pouvoir et les privilèges constituant les seuls véritables fondements de leur illusion d’unité, de conviction et même d’idéologie. Désormais, plus rien ne semble pouvoir retenir ces cadres au sein du parti.
Cette vague de démissions de certains hauts responsables, dont Guy Patrick Obiang Ndong, Charles Mve Ellah, René Ndemezo’o Obiang, Daniel Ona Ondo, Emmanuel Ondo Methogo, David Ella Mintsa, entre autres, au prétexte d’un dysfonctionnement et d’une confusion régnant au sein du parti, montre à quel point celui-ci était gangrené par des personnalités sans épaisseur politique, sans convictions et sans valeurs profondément ancrées. Leur adhésion au PDG n’a jamais été motivée par des idéaux, mais uniquement par la transhumance politique et un opportunisme visant à se garantir une ascension sociale, économique et politique.
Aucune conviction, aucune dignité ni intégrité n’ont jamais guidé leurs choix. Leur engagement relevait d’une politique mercantile, fondée sur le principe consistant à se vendre au plus offrant. Dès lors que les avantages se tarissent, ils abandonnent le navire pour s’accrocher à un autre, sans même être certains de sa solidité. Cette façon de faire dénature le noble caractère de la politique, la réduisant à un vulgaire commerce d’intérêts.
L’opportunisme non voilée des roublards de la politique qui s’engluent dans l’indignité et la perfidie
Ces démissionnaires justifient leur décision par une supposée mésentente interne. Mais pourquoi ne pas avoir quitté le parti dès le début de la transition, comme d’autres avant eux ? Pourquoi cette décision intervient-elle seulement après l’élection du président de la République, et surtout après que ce dernier a rappelé les conditions de candidature pour les prochaines échéances électorales ?
Selon certains observateurs, ces démissions ne reposent sur aucune conviction sincère. Leur éventuelle adhésion à un autre parti ou la création d’une nouvelle formation politique ne relèveraient également que d’un pur calcul. Leur objectif est clair : retrouver une place au soleil, cette fois aux côtés du nouveau chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema. Conscients du déclin du PDG depuis le coup d’État, et notamment dans le Woleu-Ntem, ils préfèrent démissionner dès maintenant pour avoir le temps d’adhérer à une autre formation ou de se présenter comme indépendants. En effet, la nouvelle loi électorale impose aux membres d’un parti politique désirant en rejoindre un autre, ou se présenter en tant qu’indépendants, de quitter leur parti actuel au moins quatre mois avant les élections. Ce calcul stratégique expliquerait donc l’annonce soudaine de ces démissions collectives.
Malheureusement pour eux, le directoire du PDG n’a pas l’intention de leur faciliter la tâche. Bien au contraire, il entend faire respecter scrupuleusement les procédures internes. Une porte-parole du parti a rappelé à ce sujet que « l’article 53 précise que la démission est individuelle, et que toute démission collective est irrecevable. En conséquence, toute démission ne respectant pas cette procédure est nulle et de nul effet. Le PDG se réserve le droit d’engager toute action appropriée afin de préserver l’intégrité de son fonctionnement. ».
C’est donc un refus catégorique qui a été opposé à cette tentative de démission collective, en raison du non-respect des procédures. Dès lors, tout serait à recommencer pour les intéressés.