Gabon: sans avoir fait la lumière sur la gestion des fonds Covid, Obiang Ndong tente au retour sur le devant de la scène 

L’ancien ministre tente de se refaire une santé en quittant d’affidé de Sylvia Bongo à laudateur zélé de Brice Oligui Nguema sans faire la lumière sur les suspicions qui pèsent sur sa personne

Libreville, le 7 octobre 2024 – ( Dépêches 241). Dans un contexte politique déjà tumultueux au Gabon, la réémergence de plusieurs membres influents du régime déchu à l’instar de Guy Patrick Obiang Ndong, ancien Ministre de la Santé, suscite des interrogations profondes sur les ambitions et missions réelles des autorités de la Transition et donne à penser sur la réelle volonté des nouvelles autorités à construire le Gabon d’après tant elles tendent à faire copain coquin avec les personnalités phares de l’ancien régime qui étaient prêtes à faire prospérer la forfaiture d’Ali Bongo au sommet de l’Etat pour le maintien de leurs privilèges. Et Guy Patrick Obiang Ndong, en fait clairement partie.  

Proche de Sylvia Bongo, épouse du président Ali Bongo Ondimba écrouée à la prison centrale de Libreville depuis plus d’un an, Guy Patrick Obiang Ndong semble naviguer avec aisance à travers un océan de critiques, malgré un passé entaché par des allégations sérieuses concernant la gestion des fonds alloués à la lutte contre la pandémie de COVID-19. En effet, alors que le monde entier faisait face à l’une des crises sanitaires les plus graves de l’histoire récente, les fonds mobilisés pour contrer les effets dévastateurs du virus au Gabon ont été sujets à des abus présumés. Les accusations qui pèsent sur Guy Patrick Obiang Ndong ne sont pas anodines. Elles évoquent des détournements de fonds, une gestion opaque et une absence de responsabilité qui mettent en lumière une culture d’impunité au sein du gouvernement gabonais. C’est l’occasion d’interroger l’évolution des activités de la task-force dans notre pays ainsi que la suite donnée aux rapports de la société civile sur la question. 

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Dans un pays où la corruption est souvent perçue comme un fléau, le retour en force de cet ancien ministre pourrait être interprété comme un signal alarmant. Les citoyens, déjà méfiants à l’égard de leurs dirigeants du fait de cette complicité assumée avec les membres influents du régime déchu, pourraient voir en lui une illustration du manque de responsabilité et de la persistance des pratiques douteuses au sein de la gouvernance actuelle incarnée du reste par les militaires qui normalement doivent avoir en valeur, le principe de la reddition de comptes.  Ce retour soulève des questions essentielles : comment un individu, dont la gestion est mise en cause, peut-il, sans scrupule, reprendre du galon sur la scène publique ? Dans la gestion des fonds Covid-19, Sylvia Bongo Valentin, Noureddine Bongo, Mohamed Oceni et Guy Patrick Obiang Ndong étaient présentés comme les principaux acteurs. Comment peut-on accepter un retour devant de la scène d’un tel personnage, le tout cautionné semble t-il par le nouveau pouvoir ? Y’a t-il une façon plus grave de faire injure au Peuple Gabonais qui a souffert près de 3 ans durant de la gestion funeste de cette pandémie par le régime Bongo-Valentin ? 

INDÉCENCE  ET IRRESPONSABILITÉ.. 

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Les critiques ne manquent d’ailleurs pas, et plusieurs voix s’élèvent pour exiger la mise en place d’une commission d’enquête indépendante. L’absence de transparence entourant la gestion des fonds COVID-19 ne devrait pas être minimisée, et les citoyens gabonais méritent des réponses claires et des comptes rendus. Une enquête approfondie serait non seulement une nécessité éthique, mais également un impératif démocratique. En effet, un gouvernement qui aspire à légitimer son autorité doit se montrer intransigeant, surtout en matière de dépenses publiques, particulièrement dans un contexte de crise comme ce fut le cas avec le COVID-19. 

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Le retour de Guy Patrick Obiang Ndong sur le devant de la scène politique est également révélateur de la dynamique interne du pouvoir actuel : le changement dans la continuité ou la continuité avec les anciens bourreaux du Peuple. La proximité de cet ancien ministre avec Sylvia Bongo soulève beaucoup d’interrogations : pourquoi c’est seulement Sylvia et son fils qui se retrouvent en prison alors même que leurs complices présumés se pavanent publiquement sans la moindre inquiétude ? Est-ce un signal d’une volonté de consolider des alliances contre nature, même au détriment des attentes du peuple, de l’éthique et de la responsabilité ? Ou est-ce un double jeu qui pourrait rapidement se retourner contre eux si les scandales continuent de faire surface ? 

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IMPUNITÉ EN ÉCHANGE D’UN SOUTIEN DU PRINCE ? 

On ne saurait en oublier en outre, le rôle joué par Guy Patrick Obiang Ndong lors des élections d’août 2023 et qui ne fait qu’amplifier les préoccupations concernant son influence et son intégrité. Dans un contexte électoral déjà polarisé, des allégations d’achat massif de voix et de corruption aggravée des électeurs auraient émergé dans le canton Bissok, notamment dans les bureaux de vote de son village natal. Les effectifs de ces bureaux ont, de manière troublante, dépassé ceux de tout le canton réuni, dans un effort évident pour favoriser la réélection d’Ali Bongo. Pendant ce temps, la voix d’autres candidats, véritable choix des populations locales, a été étouffée par cette manipulation éhontée du processus démocratique. Ce comportement ne fait que renforcer le sentiment d’impunité qui entoure Guy Patrick Obiang Ndong. 

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Il est impératif par ailleurs, que les autorités gabonaises prennent des mesures claires et visibles pour restaurer la confiance des citoyens. La mise en place d’une commission d’enquête indépendante sur la gestion des fonds COVID-19 ainsi que sur les projets financés par la dette réduits en éléphants blancs. Ce n’est qu’ainsi que le Gabon pourra espérer se diriger vers une gouvernance plus éthique et responsable, capable de répondre aux attentes légitimes de sa population. 

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En un mot , la réapparition de Guy Patrick Obiang Ndong sur la scène politique gabonaise ne doit pas passer inaperçue et les populations du Woleu-Ntem ne devraient pas tolérer ce mépris. Les scandales entourant sa gestion des fonds destinés à la lutte contre le COVID-19, sa proximité avec Sylvia Bongo et son rôle dans les manipulations électorales exigent des éclaircissements et un appel à la responsabilité. Le peuple gabonais mérite un gouvernement qui privilégie la transparence et l’intégrité, et il est temps que les acteurs politiques prennent conscience que l’impunité ne peut être tolérée. Les enjeux sont trop importants pour que la justice et la responsabilité soient reléguées au second plan.

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