La crise sanitaire actuelle a généré une manne financière colossale grâce aux multiples dons reçus par le Gabon, en plus des tests PCR devenus payants. Alors que l’on s’achemine vers une deuxième année de pandémie, les acteurs de la société civile s’indignent face à une gestion opaque des fonds mobilisés pour lutter contre la Covid-19 et exigent du Gouvernement la publication d’un bilan détaillé. Il interpellent surtout le Comité de Pilotage du Plan de Veille et de Riposte (COPIL) contre la Covid-19, dont le ministre actuel de la Santé, le Dr Guy Patrick Obiang, figure importante de la riposte.
La question cristallise les débats au sein de l’opinion publique nationale. Encore plus ces derniers jours, avec la sortie de l’acteur de la société Geoffroy Foumboula Libeka Makosso, lequel s’est fendu d’un rapport pointant une absence de bilan financier détaillé sur l’usage des fonds mobilisés pour lutter contre la covid-19 au Gabon.
Cela dit, les membres du Gouvernement, au 1er rang desquels le Ministre de la Santé Guy Patrick Obiang Ndong est cloué au pilori. Dans son rapport, le jeune leader de la société civile souligne que le Gabon a enregistré à la date du 31 juillet 2020, un montant abyssal de 503, 047 milliards de contribution pour lutter contre la pandémie. Non sans ajouter que dès le 10 février 2020, les recettes tests Covid « oscillaient entre 1,5 et 5,8 milliards pour s’établir à une moyenne mensuelle de plus d’un milliards de recettes Covid ».
Une manne financière qui semble échapper à tout contrôle. Raison pour laquelle en Août dernier, l’évaluateur certifié des politiques publiques Petit-Lambert Ovono invitait les responsables du Copil à déclarer au Trésor public les sommes générées par les Tests PCR devenus payants.
LIRE AUSSI: Covid-19: 503 milliards à date de juillet 2020, le montant colossal des contributions avalées par le Copil
Ce flou entretenu dans la gestion des fonds alloués au Copil a d’ailleurs été l’une des raisons de la mise sur pied, en mai 2020, d’une commission d’enquête parlementaire sur la gestion de la Covid-19. Mais force est de constater que jusqu’à ce jour, aucun rapport n’a été rendu public. Une curiosité, lorsqu’on sait que cette commission dirigée par l’ancienne ministre de la protection sociale Angélique Ngoma, a sillonné l’ensemble du pays aux fins d’auditionner les responsables du Copil sur la gestion de la crise sanitaire.
Mieux, à l’occasion de la rentrée parlementaire, c’est le président du Parlement Faustin Boukoubi qui s’est interrogé sur l’affectation des fonds liés à cette pandémie. « Les Citoyens ne cessent de s’interroger sur l’usage des ressources générées par la Covid-19 ? », avait-il déclaré. C’est donc à l’heure actuelle une question centrale, et Guy Patrick Obiang doit être appelé à la barre pour faire la lumière sur l’utilisation de ces fonds particulièrement colossaux.
A quoi ont donc servi ces fonds ? Au plus fort de la crise, alors qu’il fallait gérer la rapatriement des Gabonais à l’Etranger, Alain Claude Bily-Bi-Nze, alors ministre des Affaires étrangères avait opté pour la transparence en tenant une conférence de presse pendant laquelle il avait donné les chiffres de cette opérations de rapatriement tout en indiquant que les factures étaient consultables ? Pourquoi Guy Patrick Obiang ne prend-t-il pas la même posture républicaine ? Que cache-t-il ? Ces fonds ont-il été utilisés pour améliorer le plateau technique de nos structures hospitalières ? Si oui lesquels ? Où sont les factures ? Les fonds générés par le laboratoire Gahouma, à quoi ont-il servi ? C’est pour apporter des réponses à ces différents questionnements que Guy Patrick Obiang est cité et attendu.
Vivement qu’il y réponde pour clarifier la situation et mettre une chape de plomb sur cette affaire avant que n’émerge dans l’esprit de l’opinion des suspicions de détournement et de distractions des fonds générés par la riposte contre la Covid-19 par le Comité de Pilotage du Plan de Veille et de Riposte.