
Libreville, le 13 Mai 2025 – (Dépêches 241). Alors que le Gabon tente de redresser ses finances publiques, une question revient avec insistance : le pays dépense-t-il mieux ? Selon le FMI, les pays exportateurs de pétrole de la région de la Cemac, dont le Gabon, ont ajusté leurs budgets davantage par des coupes dans les dépenses que par des hausses de recettes. Une stratégie qui, si elle n’est pas accompagnée d’une réorientation qualitative des dépenses, peut s’avérer contre-productive, voire socialement risquée.
Dans la Loi de finances 2025, certaines allocations interpellent. Les baux administratifs absorbent à eux seuls 17,6 milliards FCFA, soit plus que les crédits alloués au tourisme, à la culture ou à l’aménagement du territoire. Ce déséquilibre suggère un défaut de priorisation dans la dépense publique. Le FMI insiste pourtant sur l’importance d’augmenter l’efficience des dépenses, en particulier dans les pays confrontés à des besoins sociaux urgents et à un endettement contraignant.
L’ajustement budgétaire, lorsqu’il repose sur des coupes peu stratégiques, risque d’amputer les investissements porteurs de croissance. Les dépenses de fonctionnement, y compris certaines subventions ou charges fixes, continuent de croître, tandis que les dépenses d’équipement stagnent. À cela s’ajoute un contexte régional de baisse de l’aide publique au développement et de diminution des financements extérieurs nets, qui pèse sur la capacité des États à financer leurs politiques publiques.
Le défi et les enjeux sont donc doubles: restaurer la discipline budgétaire tout en assurant une allocation efficace et socialement acceptable des ressources. Toute chose qui suppose une revue rigoureuse des dépenses publiques, la suppression des niches budgétaires peu productives et une meilleure traçabilité de l’exécution budgétaire. Le succès de cette approche dépendra aussi de la capacité de l’administration à prioriser les dépenses sociales et d’investissement dans un contexte de rareté des ressources.
Au Gabon, comme ailleurs, le débat n’est plus seulement quantitatif, mais aussi qualitatif. Il ne s’agit pas uniquement de réduire les dépenses, mais de les rendre efficaces. L’équation budgétaire du pays ne pourra se résoudre que si la dépense publique devient un levier de développement, et non un poids structurel. La transition politique offre-t-elle une opportunité pour changer de paradigme ? La réponse se jouera dans les arbitrages que fera le nouveau ministre.