Analyse critique du discours de Foumboula Libeka: un soutien ambigu et une indignation sélective 

La Réaction de Geoffroy Foumboula Libeka Makosso, acteur civique critiqué pour sa courtisanerie envers le nouveau régime ne passe pas auprès d’une partie de l’opinion ©MontageDépêches 241

Libreville, le 20 Mai 2025 – (Dépêches 241). Le texte publié par Geoffroy Foumboula Libeka Makosso, acteur civique et député de la Transition, dénonce avec véhémence la libération nocturne d’Ali Bongo Ondimba et de sa famille, ainsi que le silence des autorités gabonaises. Il y déplore une atteinte à la souveraineté nationale et un présumé chantage diplomatique lié à la réintégration du Gabon à l’Union Africaine. Si cette indignation peut sembler légitime au premier abord, un examen plus approfondi révèle une posture profondément ambiguë, voire opportuniste, de la part de l’auteur.

Il est important de rappeler que Geoffroy Foumboula Libeka Makosso reste un soutien affiché et constant des actions du Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, depuis les premiers jours de cette période charnière. Or, dès le début, plusieurs signaux d’alerte ont été ignorés ou minimisés par cet acteur civique, notamment certaines affaires emblématiques qui ont émaillé la Transition telles que l’affaire impliquant deux frères du Président de la République dans des malversations financières supposées ou encore celle d’Opiangah, victime d’une procédure inique sous le manteau d’une justice dévoyée. Des signaux qui témoignaient déjà d’une gestion contestable de la justice et du respect des droits fondamentaux sous la Transition. 

Un soutien inconditionnel à Oligui Nguema malgré les dérives

Cette complaisance initiale envers un pouvoir en Transition, qui s’est rapidement caractérisée par une instrumentalisation de la justice et une marginalisation des principes d’État de droit, jette une ombre sur la crédibilité des critiques actuelles de Foumboula Libeka. Son silence, voire son approbation tacite, face aux premières dérives de la Transition, contraste avec la véhémence de ses accusations aujourd’hui, ce qui interroge sur la sincérité et la constance de son engagement civique.

L’auteur s’indigne de la libération d’Ali Bongo et de sa famille, parlant de « rupture de confiance » et d’« inadmissible » sans jamais évoquer la question fondamentale de la présomption d’innocence ou des procédures judiciaires en cours. De plus, il omet de rappeler que les décisions politiques et judiciaires sont souvent complexes et peuvent impliquer des compromis diplomatiques, surtout dans un contexte régional sensible.

Une indignation sélective et tardive 

Par ailleurs, il réclame la cohérence dans le traitement des autres détenus, ce qui est une demande légitime, mais il ne semble pas avoir exercé une pression comparable sur les autorités gabonaises pour obtenir justice dans d’autres dossiers tout aussi sensibles, y compris ceux qui ont entaché la Transition elle-même. On en veut pour preuve son silence effarant sur du scandale d’État et de haute trahison en rapport avec l’affaire  WebCorp ITP. 

LIRE AUSSI: Gabon: « La Libération de la famille Bongo, une honte pour la Ve République » selon Foumboula Libeka

Foumboula Libeka affirme ne pas être un acteur politique, pourtant son discours est truffé d’allusions politiques et de jugements sur la gouvernance d’Oligui Nguema, ce qui dément cette prétendue neutralité. Son rôle de député de la Transition et signataire des plaintes contre Ali Bongo le place clairement dans l’arène politique, avec toutes les responsabilités que cela implique.

Une posture politique déguisée en neutralité civique

En somme, son texte apparaît davantage comme une tentative de redéfinir son positionnement face à l’évolution politique actuelle, en jouant sur une indignation opportuniste qui occulte son soutien passé à un régime dont il critique aujourd’hui certains choix. Sans doute parce que convaincu d’avoir perdu du crédit et l’estime des Gabonais après s’être vautré dans un Kounabelisme ampoulé en faveur de Brice Clotaire Oligui Nguema, poussant le vice à son paroxysme, en transformant sa page – présentée comme une page d’éveil de conscience – en un outil de propagande filandreux et indécent. 

Une inconstance et une incohérence qui font perdre en crédibilité 

Geoffroy Foumboula Libeka Makosso, en dénonçant la libération d’Ali Bongo et de sa famille, semble oublier qu’il fut un soutien immodéré de la Transition d’Oligui Nguema, malgré les premiers signes d’une gestion problématique de la justice et des droits humains. Son indignation tardive et sélective soulève des questions sur la cohérence de son engagement civique et politique. Plus qu’un cri d’alarme sur la souveraineté gabonaise, son texte reflète une posture ambiguë, oscillant entre dénonciation, complicité passive et opportunisme politique. 

Pour que le Gabon avance vers une véritable justice et un respect authentique de ses institutions, il est indispensable que tous les acteurs, civiques ou politiques, fassent preuve de constance, d’impartialité et de responsabilité, valeurs qui semblent faire aujourd’hui défaut dans ce discours. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*