Gabon : Perenco accusé de la mort de six gabonais sur une plateforme en 2024 par l’ONG Environmental Investigation Agency

L’ONG Environmental Investigation Agency tient l’entreprise  franco-britannique responsable de la mort de plusieurs Gabonais après l’accident de Baccuna ©MontageDépêches 241

Libreville, le 22 mai 2025 – (Dépêches 241). Un rapport explosif de l’Environmental Investigation Agency (EIA), consulté par Le Monde, jette une lumière crue sur les conditions de travail chez Perenco au Gabon, après la mort de six employés sur la plateforme offshore de Becuna, le 20 mars 2024. L’explosion, suivie d’un incendie, a tué quatre Gabonais, un Camerounais et un Français. Mais selon l’EIA, ce drame était évitable. L’ONG met en cause des défaillances techniques majeures et une culture managériale toxique, au sein d’un groupe obsédé par le maintien coûte que coûte de la production pétrolière.

Deux semaines avant la tragédie, la plateforme avait déjà subi deux dangereuses remontées de pétrole, ignorées par la hiérarchie. D’après le rapport, des équipements de sécurité essentiels manquaient à l’appel. Un scénario qui traduit un laxisme coupable, mais aussi une logique industrielle bien connue : Perenco, premier pétrolier du pays, s’est spécialisé dans l’exploitation de champs pétroliers vieillissants, où les marges ne tiennent souvent qu’à la réduction drastique des coûts.

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L’EIA va plus loin, évoquant une pression constante exercée par les cadres de Paris et de Londres pour maintenir les volumes, au mépris des alertes techniques. « L’explosion a également été causée par une culture de travail toxique et par la pression considérable que les cadres du groupe exercent sur les travailleurs afin que la production se maintienne à tout prix », note l’ONG. Dans un pays comme le Gabon, où les institutions de contrôle sont affaiblies, ce type de pratique prospère en toute impunité.

Ce drame illustre les risques humains et environnementaux liés à la présence de groupes extractifs peu contraints par les standards internationaux. Ce n’est pas la première fois que Perenco, entreprise familiale franco-britannique fondée par Hubert Perrodo, est visée par des accusations de pollution et de négligence. L’un de ses dirigeants, Jean-Michel Runacher, n’est autre que le père de la ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, un mélange des genres qui renforce le malaise.

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Pendant que l’État gabonais négocie des emprunts à tour de bras pour financer sa transition énergétique ou relancer la production nationale, ce sont encore les opérateurs étrangers qui exploitent les derniers barils, dans des conditions parfois indignes. L’enquête de l’EIA, relayée par Le Monde, est une alerte de plus : sans régulation, sans transparence, sans contrôle indépendant, le pétrole reste un secteur à haut risque, où les tragédies humaines sont encore trop souvent le prix à payer pour la rente.

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