
Libreville, le 27 Mai 2025 – (Dépêches 241). Le rachat annoncé de 35% des parts de Rougier Afrique International par Taranis, filiale d’investissement du groupe Perenco, n’aura finalement pas lieu. Le 19 mai 2025, Rougier a officialisé le retrait de Taranis, évoquant la non-levée d’une clause suspensive dans les délais prévus. Ce projet, négocié depuis 2022, visait à consolider les expertises de deux secteurs clés : l’énergie durable côté Perenco, la gestion forestière responsable côté Rougier.
Ce désistement pose la question de la gouvernance des actifs publics. La Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), détentrice des parts à céder, échoue à concrétiser une opération qui aurait pu injecter des capitaux et renforcer la stratégie industrielle du bois au Gabon. Rougier assure que sa solidité n’est pas menacée, mais l’échec du projet souligne les difficultés à attirer des partenaires privés dans un climat d’incertitude réglementaire.
L’incapacité à lever les verrous juridiques ou administratifs à temps, malgré trois ans de discussions, reflète également un problème plus structurel dans la gestion des participations publiques au Gabon. Elle illustre aussi le manque d’agilité dans un environnement économique où la réactivité est devenue un levier clé d’attractivité. Cette annulation résonne comme un signal que même les investisseurs stratégiques, disposant de moyens financiers importants et d’une implantation locale solide, peuvent renoncer lorsque le contexte devient trop opaque ou instable.
Pour la CDC, il faudra désormais relancer une démarche de cession, avec un nouveau partenaire, dans un climat encore moins lisible. Si aucune raison politique n’a été officiellement avancée, le retrait de Taranis intervient dans un contexte tendu pour Perenco au Gabon. Plus d’un an après l’explosion mortelle sur sa plateforme de Becuna, le groupe fait face à une pression internationale croissante sur ses pratiques, alors que les autorités gabonaises maintiennent un silence jugé complaisant.
Ce contexte pourrait expliquer une stratégie de repli : en renonçant à diversifier ses investissements vers un secteur semi-public et potentiellement sensible comme le bois, Perenco limite son exposition aux aléas politiques et réglementaires. Le retrait de Taranis révèle au final un climat d’instabilité réglementaire croissant, où même les grands groupes préfèrent se tenir à distance de dossiers pouvant les exposer à de nouveaux risques non maîtrisés.