Gabon: l’assainissement du patrimoine public, entre promesses et défis 

Le Président de la République, Chef du gouvernement veut mettre un terme à l’opacité et assainir le patrimoine public ©MontageDépêches 241

Libreville, le 2 Juin 2025 – (Dépêches 241). Le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a lancé une ambitieuse opération d’assainissement du patrimoine public gabonais, visant à restaurer l’autorité de l’État et à rationaliser la gestion des biens publics. Cette initiative prévoit un inventaire exhaustif couvrant le parc immobilier, les réserves foncières, les baux administratifs, les équipements publics, les compteurs d’eau et d’électricité, ainsi que le parc automobile. L’objectif affiché est de mettre fin à l’opacité, aux détournements et aux occupations irrégulières qui plombent les finances publiques, notamment avec des loyers payés pour des bâtiments vacants et des véhicules entretenus pour des agents fictifs.

Cette opération s’inscrit dans une volonté affichée de rupture avec les pratiques passées et de modernisation de l’administration via un système numérisé de gestion patrimoniale, inspiré de modèles réussis en Afrique comme au Rwanda ou au Maroc. Le Président a demandé un plan d’action clair, un suivi rigoureux et l’implication des gouverneurs et préfets pour garantir la mise en œuvre effective.

Cependant, cette dynamique soulève des interrogations critiques. D’une part, la gestion opaque du patrimoine public est ancienne et structurelle, et des tentatives précédentes de récupération des biens détournés sont restées sans suite judiciaire ni recouvrement effectif. D’autre part, le chef de l’État lui-même fait l’objet de controverses, figurant sur une liste américaine pour des acquisitions immobilières en liquide.

L’actuel chef de l’Etat aurait acquis du temps de son service à la Garde Républicaine trois propriétés dans « des quartiers de classe moyenne et ouvrière de la banlieue du Maryland, à Hyattsville et à Silver Spring», pour plus de 550 millions de Francs CFA en espèce selon une enquête publiée lundi 23 novembre 2020 par Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP). Un fait qui jette une ombre sur la crédibilité de la lutte contre la corruption prônée par le Président de la République Himself. 

En outre, la suspension récente du paiement des baux administratifs, bien que nécessaire, révèle l’ampleur du désordre budgétaire accumulé depuis des années, posant la question de la capacité réelle des autorités à mener une réforme profonde et durable. Cette opération d’assainissement est donc une étape cruciale, mais elle devra impérativement être menée avec rigueur, transparence et indépendance pour ne pas rester un simple effet d’annonce. La restauration de la confiance des citoyens dans l’État gabonais dépendra de la concrétisation de ces mesures et de la capacité à traduire en actes la volonté affichée d’intégrité et d’efficacité. 

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