
Libreville, le 16 Juin 2025 – (Dépêches 241). L’affaire de l’exfiltration nocturne d’Ali Bongo Ondimba, de son épouse Sylvia et de leur fils Noureddin vers l’Angola continue de faire piaffer plusieurs compatriotes au sein de l’opinion gabonaise. Un sujet hautement important révélateur entre autre de la posture vacillante de l’État de droit au Gabon, qui a étrangement été éludé pendant la conférence de presse animée par le porte-parole de la Présidence, qui a choisi l’évitement et le flou sur la question, laissant un goût amer de déni et d’opacité.
Face aux questions pressantes des journalistes sur la localisation des Bongo et les conditions de leur départ, le porte-parole de la Présidence de la République s’est réfugié dans la référence à la justice et au Procureur, renvoyant la responsabilité et refusant de clarifier la situation. Ce silence officiel, qui contraste avec l’annonce faite par la Présidence angolaise, a été perçu comme une forme de mépris envers les Gabonais, en quête de vérité et de transparence après des années de règne opaque de la famille Bongo.
L’ex-Président dont des membres de sa famille, inculpés pour détournements massifs de fonds publics, blanchiment de capitaux, haute trahison, falsification du cachet du Président de la République entre autres, ont été libérés pour raisons de santé, selon le Procureur, mais sans que le Gouvernement gabonais ne daigne s’expliquer publiquement. Ce mutisme alimente la colère populaire et les accusations d’un deal politique passé dans l’ombre, au détriment de la justice et de la souveraineté nationale. L’ancien Premier ministre Bilie-By-Nze dénonce une « opacité totale » et un « mépris du peuple » dans la gestion de cette affaire.
Ce silence embarrassé du pouvoir, loin d’apaiser les tensions, attise les soupçons d’une transition politique qui trahit ses promesses de rupture et de transparence. Une posture qui tranche avec la parole présidentielle trop souvent galvaudée par le régime lui-même. Pourtant, à la télévision française, le Président de la République avait clairement indiqué que le « la Justice avait des preuves » accablante de la culpabilité de Sylvia et Noureddin Bongo Valentin et « qu’un procès aura lieu ». Sans aucune explication, sans aucune raison et dans l’opacité totale, les Gabonais ont découvert ahuris par le biais d’un autre pays, l’exfiltration de l’ancien despote et de sa famille sans que la lumière ne soit faite sur les accusations qui pèsent sur leurs personnes.
L’exfiltration des Bongo, loin d’être un simple fait divers judiciaire, devient le symbole d’une gouvernance qui préfère le secret, la manipulation de la vérité plutôt que la responsabilité. Le Gabon mérite mieux qu’une communication présidentielle qui élude des sujets importants, une justice instrumentalisée et des autorités qui fuient leurs responsabilités. L’heure est à la lumière, pas au silence complice et à l’approximation.