Gabon : une dette publique désormais à 8658,2 milliards FCFA et un équilibre budgétaire toujours hors de portée 

Une dette publique de 8658,272 milliards FCFA pour le Gabon en fin juillet, début août © DR

Libreville, le 19 août 2025 – (Dépêches 241). À fin juillet 2025, le Gabon affiche une dette publique de 8658,272 milliards FCFA, incluant le nouveau montant de 91 milliards FCFA récemment ajouté. Cette augmentation, bien que modeste en pourcentage de l’ensemble, illustre la tendance persistante de l’État à s’endetter pour couvrir ses engagements courants plutôt que d’investir dans des projets générateurs de revenus. La dette publique devient un poids structurel qui fragilise la trésorerie, limite la capacité d’action sur les dépenses sociales et entrave la planification stratégique de l’État.

La dette extérieure reste prépondérante, à 4018,687 milliards FCFA, et son service absorbe une part croissante des recettes publiques. La dette intérieure, désormais recalculée à 4639,585 milliards FCFA en intégrant les 91 milliards FCFA, cumule diverses obligations : dettes domestiques (1062 milliards), créances de la Task Force CTRI (429 milliards), rappels de solde aux agents publics (113 milliards) et arriérés envers la CPPF (211,689 milliards). Cette fragmentation rend le suivi complexe et accroît le risque de non-soutenabilité si les recettes fiscales stagnent ou si les dépenses imprévues augmentent.

Sur le plan économique, cette dette écrase la marge de manœuvre budgétaire. Avec des charges annuelles projetées de 256,8 milliards FCFA pour 2026-2028, une part importante du budget national est dédiée au remboursement plutôt qu’à l’investissement productif. Conséquence directe : les infrastructures, la santé et l’éducation peinent à suivre le rythme des besoins. Le risque est que le Gabon se retrouve dans une situation où chaque nouveau projet ou programme social nécessite un nouvel endettement, accentuant la dépendance à la dette et réduisant l’impact réel sur la croissance.

Le problème de fond réside dans la gestion de la dette intérieure et des engagements sociaux. Les 91 milliards FCFA supplémentaires mettent en lumière l’absence d’une stratégie claire pour prioriser l’investissement productif sur le refinancement ou la couverture des arriérés. Cette dérive nourrit une perception d’instabilité financière, pouvant décourager l’investissement privé et fragiliser la confiance des marchés et partenaires financiers internationaux.

L’intégration de ce nouveau montant confirme que l’État gabonais continue de vivre au rythme des emprunts plutôt que sur ses capacités réelles de financement. Tant que la dette intérieure ne sera pas maîtrisée, que les dettes sociales ne seront pas honorées et que l’endettement ne sera pas exclusivement tourné vers des projets générateurs de valeur, l’équilibre budgétaire restera hors de portée et la croissance réelle, théorique. La transparence et une réforme structurelle du financement public sont désormais incontournables pour éviter que la dette ne devienne un facteur systémique de fragilité économique.

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