
Libreville, le 19 août 2025 – (Dépêches 241). Depuis le coup d’État orchestré en janvier 2023 par les forces de l’ordre gabonaises, la scène politique locale est restée sous tension. Au cœur de cette dynamique se trouve Albert Ondo Ossa, le professeur et candidat malheureux à la présidentielle de 2023, qui n’a cessé de clamer sa victoire, dénonçant une « révolution de palais » qui lui aurait volé son triomphe. Fidèle à sa posture, il ne laisse personne indifférent : pour lui, le président actuel ne tiendra pas au pouvoir, son départ est inéluctable. Une posture et une insistance qui ressemblent à s’y méprendre à celles de Jean Ping durant tout le second mandat du président déchu Ali Bongo Ondimba.
Cette rhétorique, oscillant entre la ferme conviction et l’invitation à la mobilisation, n’est pas nouvelle pour les Gabonais. Beaucoup y voient peut être un écho lancé du passé, un sentiment de déjà-vu qui fait inévitablement penser à Jean Ping, l’opposant emblématique du régime d’Ali Bongo Ondimba.
En effet, après la présidentielle de 2016, Jean Ping avait multiplié les sorties publiques, proclamant avec une assurance presque condescendante que le président Ali Bongo « allait dégager », que son temps au pouvoir était compté. Pour Jean Ping c’était « Ali Bongo l’usurpateur », pour Albert Ondo Ossa, c’est Oligui Nguema « le putschiste en Chef ».
Pendant près de sept ans, cette même rengaine a été répétée, des multiples fois, faisant miroiter à ses partisans et à une grande partie du Peuple Gabonais, un renversement imminent sur la base d’un carnet d’adresse aux contacts visiblement impuissants, sans jamais que le scénario ne se réalise. Ce n’est qu’avec l’arrivée des militaires au pouvoir que ce régime a basculé.
Aujourd’hui, Ondo Ossa semble emprunter cette trajectoire familière. Comme Jean Ping avant lui, il défie fermement les résultats officiels, refuse la légitimité du pouvoir en place et appelle à une forme de renaissance politique. Le parallèle ne s’arrête pas là : tous deux incarnent à leur manière une opposition tenace, portée par la douleur d’une défaite électorale contestée et par l’espoir d’un changement radical.
La question se pose désormais : Ondo Ossa vivra-t-il la même histoire que Jean Ping, un éternel challenger dont les prophéties ne se concrétisent qu’après une longue attente et un coup d’État militaire ? Ou réussira-t-il à catalyser une dynamique nouvelle, plus rapide et plus décisive ? Le temps, seul, le dira.
Mais une chose est sûre : dans ce Gabon aux équilibres fragiles, la politique reste un théâtre où les symboles comptent autant que les actes, où chaque discours résonne au-delà des mots, nourrissant l’espoir tenace d’une alternance souhaitée, parfois brutale et non annoncée. Ondo Ossa, surnommé affectueusement « A2O », incarne aujourd’hui cette voix de la contestation, entre mémoire et promesse, entre passé et avenir turbulent.
Rien n’est figé. Le Gabon observe. Et l’histoire, parfois, aime se répéter.







