FGIS: un mastodonte aux milliards d’actifs mais aux pertes colossales 

Le FGIS, tel qu’il fonctionne aujourd’hui, incarne le paradoxe d’une institution ambitieuse sur le papier mais dysfonctionnelle dans la pratique © Dépêches 241

Libreville, le 20 août 2025 – (Dépêches 241). Le Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS) affiche fièrement un portefeuille triplé en un an, passant d’environ 300 à près de 1000 milliards FCFA, mais derrière cette vitrine financière, se cache une réalité beaucoup moins reluisante. En 2024, le FGIS a enregistré une perte nette de 900 millions FCFA, illustrant un manque criant d’efficacité opérationnelle. Derrière l’argument officiel de l’investissement à long terme, se dessine surtout une institution incapable de transformer ses ressources colossales en résultats tangibles et immédiats.

L’absence de vision stratégique claire se fait cruellement sentir. Les dirigeants du FGIS justifient les pertes par une orientation vers des projets à fort impact socio-économique, mais cette « stratégie » apparaît comme une suite d’initiatives dispersées, sans feuille de route consolidée ni priorisation efficace. Le fonds semble naviguer à vue, multipliant les investissements dans des secteurs non pétroliers sans que les indicateurs de performance opérationnelle ne permettent d’évaluer le retour réel sur investissement.

Du côté managérial, les errances sont également frappantes. Trois administrateurs en moins de deux ans. Une gouvernance qui souffre d’un excès de formalismes administratifs et d’une lenteur dans la prise de décision qui dilue l’impact des projets. Les délais et coûts de mise en œuvre ne sont pas maîtrisés, et le suivi-évaluation reste théorique. Cette accumulation d’actifs sans performance tangible traduit une incapacité à convertir la puissance financière en gains socio-économiques concrets, alors même que l’État et les contribuables supportent le risque financier.

Le contraste entre les chiffres mirobolants et la réalité opérationnelle souligne une dissonance inquiétante pour un fonds présenté comme moteur de diversification économique qui, en pratique, pourrait devenir un gouffre financier si rien n’est fait pour améliorer sa productivité et sa rigueur. La multiplication des actifs ne remplace pas l’efficacité : sans restructuration profonde, le FGIS pourrait finir par gaspiller des milliards au détriment de projets réellement structurants pour le Gabon.

Cette situation pose une question de fond. Comment justifier les investissements massifs d’un fonds public lorsqu’il n’existe ni plan stratégique clair, ni accountability managériale rigoureuse ? Le FGIS, tel qu’il fonctionne aujourd’hui, incarne le paradoxe d’une institution ambitieuse sur le papier mais dysfonctionnelle dans la pratique, révélant les limites de la logique de croissance purement financière appliquée à un outil qui devrait être avant tout un levier de développement national.

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