Libreville, le 15 septembre 2025 – (Dépêches 241). Le gouvernement gabonais ne manque pas de superlatifs. Et c’est un euphémisme. Avec un budget 2026 de 7233,3 milliards de FCFA, le plus élevé de l’histoire du pays, un gouvernement à court de cash. À peine l’encre du communiqué final séchée, voilà Libreville obligé de lancer un nouvel emprunt obligataire de 50 milliards de FCFA sur la BVMAC. Une opération modeste mais qui révèle une vérité brutale: l’État n’a pas de liquidités.
Ce recours permanent au marché régional interroge. Comment un pays qui prétend déployer des investissements colossaux doit-il, en urgence, mobiliser un montant équivalent à moins de 0,7% de son budget annuel ? La réponse est simple. Le budget record annoncé ne semble être qu’une vitrine politique, pas une caisse remplie. Derrière l’écran de chiffres, la trésorerie est exsangue. Structurée en deux tranches, 5,6% sur deux ans et 6% sur trois ans, cette opération ressemble moins à une stratégie financière qu’à une bouée de sauvetage.
Le Gabon n’emprunte pas ici pour de grands projets, mais pour colmater ses besoins immédiats. C’est le signe inquiétant d’un État qui vit à crédit, incapable de financer son fonctionnement sans tendre la main. La situation est d’autant plus ironique que le gouvernement vante sa « discipline budgétaire » et la méthode du budget base zéro. En pratique, il gonfle ses prévisions d’investissements tout en multipliant les petits emprunts pour payer ses factures courantes.
La preuve : les 119,91 milliards levés en juin 2025 ont servi à construire la nouvelle Cité administrative de Libreville…mais déjà il faut retourner quémander 50 milliards. L’écart entre les annonces grandioses et la réalité financière devient flagrant. Derrière le vernis des milliards alignés dans la loi de finances, le Gabon affiche un profil d’État fragile, dépendant de dettes courtes et coûteuses. La question n’est plus de savoir combien l’État affiche dans ses budgets, mais combien il a réellement en caisse. Et là, le silence est assourdissant.
