Législatives et Locales 2025: une proclamation chaotique des résultats électoraux par Immongault alimente les forts soupçons de fraude massive

 Le Ministre de l’Intérieur Hermann Immongault pendant la lecture des résultats ©Capture Gabon TV

Libreville, le 29 Septembre 2025 – (Dépêches 241). Au lendemain du déroulement du scrutin législatif et local, grand test de la Ve République, la lecture des résultats provisoires par le Ministre de l’Intérieur Hermann Immongault a laissé perplexes de nombreux Gabonais. L’exercice, censé incarner la transparence et la rigueur républicaines, s’est transformé en un spectacle de confusion, de honte, d’amateurisme et d’impréparation qui n’a fait que renforcer les soupçons de manipulation et de fraude à grande échelle, presque de façon plus flagrante que sous le régime ancien déposé par Brice Clotaire Oligui Nguema.

Ces élections législatives et Locales de septembre 2025 auraient dû,  en principe, asseoir au Gabon, de façon définitive, la transparence, le respect de la démocratie et la fin de l’organisation des scrutins tronqués, principale raison invoquée par les militaires pour prendre le pouvoir en août 2023. Pour ce test grandeur nature, le régime d’Oligui qui avait promis mettre fin aux pratiques de celui d’Ali Bongo, a brillamment et lamentablement échoué, se rendant même en grande partie,  responsable de ce chaos électoral avec en considération des soupçons de fraude organisée par les candidats de son écurie politique, l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB). 

Des chiffres incohérents avec les listes électorales

Dès les premières annonces, plusieurs incohérences majeures ont été relevées par les Gabonais. Dans certaines circonscriptions, le nombre de suffrages exprimés a dépassé celui des électeurs officiellement inscrits sur les listes comme ces chiffres donnés en direct à la télévision par le ministre de l’Intérieur Hermann Immongault dans le 2e arrondissement, 2e siège d’un arrondissement du pays. « 2e arrondissement, 2e siège inscrits 3227, votants 4515, bulletins blancs ou nuls, 519, suffrages exprimés 3996 », a déclaré en mondovision le membre du Gouvernement Oligui Nguema. Une anomalie difficile à justifier dans un système censé être centralisé et informatisé, et qui pose la question de la fiabilité des résultats proclamés.

Une prestation ministérielle marquée par l’improvisation qui confirme la fraude massive 

Diffusée en direct sur les médias nationaux, et sur les réseaux sociaux,  la déclaration du Ministre de l’Intérieur a été ponctuée d’hésitations, de longues pauses et de recherches manifestes de documents. À plusieurs reprises, il a interrompu sa lecture pour retrouver des feuilles manquantes, laissant place à un flottement qui a largement entamé la crédibilité de l’annonce. Plus grave, à certains moments, l’ancien ministre d’Ali Bongo a interrogé en direct les membres de la commission en demandant si les résultats sous ses yeux n’ont pas été tronqués. 

Une volonté précipitée de publier les résultats qui ont mis en exergue la fraude et les irrégularités manifestes 

Ce qui choque davantage encore, c’est la précipitation avec laquelle les résultats ont été rendus publics. Alors que les remontées du terrain faisaient état de nombreuses contestations et irrégularités, les autorités ont choisi d’annoncer les chiffres rapidement, sans attendre que toutes les procédures de vérification soient achevées. Un empressement qui, loin de rassurer, suscite des interrogations légitimes sur la volonté réelle de transparence.

Des accusations de fraude généralisée sur l’ensemble du territoire

De Port-Gentil à Franceville, en passant par Oyem et Lambaréné, les témoignages d’irrégularités affluent. Bourrages d’urnes, disparitions suspectes de procès-verbaux, intimidation dans les bureaux de vote, agents électoraux sans accréditation claire, acheminement opaque des urnes, transport d’électeurs, achats des cartes d’électeurs  : les signaux d’alarme sont multiples. Pour plusieurs acteurs de la société civile et de l’opposition, il ne s’agit plus de simples dysfonctionnements, mais d’un système de fraude structuré et déployé à l’échelle nationale.

Une crise de confiance institutionnelle et un affaiblissement de la démocratie gabonaise 

Dans un contexte déjà fragilisé par des convulsions politiques et des années de tensions sociales, cette séquence électorale pourrait aggraver la défiance des Gabonais envers leurs institutions. Si des mesures fortes ne sont pas prises pour clarifier et assainir le processus électoral, le pays risque de s’enfoncer dans une nouvelle crise post-électorale.

Les appels se multiplient pour exiger un report du scrutin, car c’est le crédit et la démocratie gabonaise qui s’en trouvent affaiblis dans ce scrutin.  Il appartient désormais aux institutions, mais aussi à la société civile, aux médias indépendants et aux partenaires internationaux de veiller à ce que la volonté du peuple ne soit pas étouffée sous le poids de la manipulation électorale. 

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