
Libreville, le 1er octobre 2025 – (Dépêches 241). Les élections législatives et locales du 27 septembre 2025 semblent avoir mis en lumière un fait majeur : le coup d’État du 30 août 2023 n’aurait été qu’une entreprise insincère, visant à reproduire avec zèle les dérives du régime d’Ali Bongo Ondimba et de ses sbires. C’est, en filigrane, l’analyse livrée par l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze lors d’une conférence de presse tenue le 30 septembre, à la suite des irrégularités et fraudes massives qui ont émaillées ce double scrutin. Sa conclusion est sans appel : « Le pouvoir militaire n’a fait que recycler à son profit ce qu’il prétendait dénoncer ».
Dans son intervention, le dernier Premier ministre du régime d’Ali Bongo a dénoncé avec gravité ce qu’il considère comme une catastrophe électorale. Selon lui, jamais, depuis l’avènement du multipartisme, le Gabon n’avait connu un scandale électoral d’une telle ampleur. De Libreville à l’intérieur du pays, jusqu’à la diaspora, les témoignages convergent : la fraude aurait atteint un niveau inégalé, éclipsant même les pratiques du régime déchu, en dépit des promesses de transparence répétées par les plus hautes autorités de l’État.
Face à cette situation, Bilie-By-Nze estime qu’aucune autre alternative ne serait viable en dehors de l’annulation pure et simple des élections. « Il en va de la crédibilité de la parole du président de la République », a-t-il affirmé, soulignant que, faute d’un tel geste, l’actuel chef de l’État devra assumer la responsabilité d’avoir présidé à l’organisation des scrutins les plus frauduleux de l’histoire gabonaise. Une dérive qui, selon lui, met en péril la confiance aussi bien de la population que des partenaires internationaux à l’égard des institutions nationales.
Les irrégularités pointées sont nombreuses : bourrage d’urnes, dissimulation de bulletins de vote de nombreux candidats, interdiction faite aux représentants de l’opposition d’accéder aux bureaux de vote, non-authentification de bulletins, entre autres violations flagrantes de la loi. Autant de manœuvres qui, loin d’être des cas isolés, semblent résulter d’une volonté organisée de fausser le processus électoral dès le départ.
Plus grave encore, le président de la CNOCER et ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, a modifié a posteriori plusieurs résultats dans différentes circonscriptions, après avoir proclamé des chiffres manifestement non conformes. Une volte-face inédite qui alimente l’idée d’une véritable catastrophe électorale, destinée à confisquer le pouvoir et à consolider l’emprise des proches du régime sur les institutions.
Bilie-By-Nze a par ailleurs révélé avoir alerté en amont le président de la République, qu’il avait rencontré au palais Rénovation, afin de proposer un report du scrutin pour garantir des conditions plus fiables et apaisées. Mais sa demande s’était heurtée à un refus catégorique, justifié par les « engagements » pris vis-à-vis de la communauté internationale. Comme si, regrette-t-il, la parole donnée à l’extérieur primait sur la paix et le bien-être des Gabonais. Résultat : un Parlement et des conseils locaux largement perçus comme illégitimes.
Dès lors, les déclarations de Bilie-By-Nze résonnent comme un réquisitoire sévère contre un pouvoir militaire accusé de reproduire les pratiques de l’ancien régime. En qualifiant ces élections de « mascarade », il met en lumière l’impasse démocratique dans laquelle se trouve le Gabon. Reste à savoir si son appel à l’annulation du scrutin trouvera un écho, ou si, une fois encore, ses dénonciations se perdront dans le silence institutionnel et l’indifférence des autorités.







