Gabon: silencieux face aux tricheurs du 1er tour, Oligui Nguema exige « la tolérance Zéro » pour le 2nd tour des législatives

Le Président de la République a demandé une tolérance Zéro face aux Fraudes après avoir cautionnés celles du 1ere tour

Libreville, le 11 octobre 2025-(Dépêches 241) À la veille du second tour des élections législatives prévues ce samedi 11 octobre, le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a annoncé une série de mesures censées garantir la transparence et la régularité du scrutin. Entouré du ministre de l’Intérieur, du ministre de la Justice, du président de la CNOCER, de celui de l’ACER, ainsi que des chefs des juridictions et des forces de défense, le chef de l’État a voulu donner des gages de sérieux à une opinion publique profondément échaudée par les irrégularités massives du premier tour. Mais cette tentative de rattrapage apparaît davantage comme une opération de communication que comme une véritable volonté de restaurer la sincérité du vote.

Parmi les dispositions annoncées figurent la régulation des électeurs à l’entrée des bureaux de vote, le contrôle strict des procurations, l’interdiction pour les candidats de stationner autour des centres de vote, et la présence facilitée des observateurs et des médias jusqu’au dépouillement. Autant de principes louables sur le papier, mais qui interviennent bien tard, dans un climat déjà vicié par les fraudes, les manipulations et la perte de confiance des citoyens. Ces mesures, si elles avaient été prises avant le premier tour du 27 septembre, auraient peut-être permis d’éviter le chaos électoral actuel.

La réalité, c’est que le président de la République a choisi de se taire lorsque les premières anomalies ont éclaté. Un silence pesant, interprété comme une approbation tacite des dérives du processus électoral. À défaut de dénoncer la fraude, Oligui Nguema semble l’avoir couverte, donnant ainsi le sentiment d’un chef d’État complice, voire acteur, du désordre démocratique. Et pour cause : en tant que chef du gouvernement et supérieur hiérarchique du ministre de l’Intérieur, il est le premier responsable de la tenue de ces élections. L’argument d’une ignorance ou d’une surprise ne tient pas.

Cette réunion tardive, présentée comme un sursaut de responsabilité, relève en réalité de la farce politique. Aucun Gabonais averti ne peut croire qu’elle débouchera sur des sanctions concrètes ou des poursuites réelles. Tout indique au contraire une manœuvre destinée à calmer l’opinion et à maintenir l’illusion d’un processus maîtrisé. Car jamais, dans l’histoire électorale du Gabon, la fraude n’avait atteint un tel niveau de sophistication et d’audace : bourrages d’urnes, procurations falsifiées, destruction de matériel électoral, manipulation des procès-verbaux. Tout un arsenal d’escroqueries électorales désormais institutionnalisées.

La contradiction est flagrante : le même Oligui Nguema qui promettait une rupture radicale avec le système déchu d’Ali Bongo, en reprend aujourd’hui les pratiques les plus indignes. En se murant dans un silence de cathédrale face à l’effondrement de la confiance populaire, il devient le garant d’un système qu’il prétendait abolir. Ce n’est plus un chef de transition, mais un chef de continuité, qui protège le mensonge d’État au lieu de rétablir la vérité des urnes.

La seule mesure crédible aurait été l’annulation pure et simple du scrutin du 27 septembre, assortie d’une réorganisation complète des élections sous supervision nationale et internationale. Au lieu de cela, le pouvoir s’enlise dans des effets d’annonce, préférant sauver la façade d’un processus électoral plutôt que la dignité d’un peuple. Cette obstination à préserver les apparences au détriment de la vérité traduit le cynisme d’un régime plus soucieux de son image que de sa légitimité.

Le coup d’État du 30 août 2023, que beaucoup avaient accueilli comme une promesse de renaissance républicaine, s’est mué en trahison. En reproduisant les mécanismes de fraude et de manipulation de l’ancien régime, Oligui Nguema consacre le retour du pire sous les habits du changement. Ce second tour législatif ne sera pas un test de démocratie, mais le révélateur d’un pouvoir désormais incapable de se réformer. Le Gabon, encore une fois, s’est avancé ce jour  vers les urnes avec la certitude d’un résultat déjà écrit et les cas de fraudes dénoncés pendant cette journée ne vient que confirmer cette vérité et ce constat implacable. 

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